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Commentaire de trevize

sur L'univers mathématique


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trevize trevize 1er février 2014 17:01

Ainsi, pour Tegmark, le monde physique est un objet mathématique que nous identifions et construisons petit à petit. [...] Tegmark nomme cette approche le réalisme structurel, qui s’oppose au non-réalisme selon lequel la réalité n’existe que dans l’esprit de l’observateur, et au réalisme naïf (ou des essences) selon lequel il a de tous temps existé un réel que l’homme peut décrire par différents moyens d’observation.

Le fait que l’auteur qualifie ces approches comme étant « en opposition » est un bel exemple de sa théorie : l’auteur du livre définit son approche par rapport à des approches précédentes, met en relation son idée avec d’autres, « en opposition » à d’autres théories pour mieux s’en démarquer. Mais dans ce cas précis, la distinction n’est qu’une question de mots. La différence entre deux éléments dans un système n’est que le reflet des règles qui régissent ce système.
Donc dans notre cas, « réalisme structurel » et « non-réalisme » ne sont en opposition que par le fait du non-réalisme.
En fait ces deux approches sont parfaitement complémentaires. Il n’est pas question de renier le « monde réel », la vérité extérieure ontologique que nous partageons les uns avec les autres. Mais d’un autre côté, il est évident qu’il existe autant de réalités que de personnes. Car ce qui est la réalité pour moi, c’est ce que je perçois de ce monde commun. Si un arbre tombe dans la forêt mais que personne n’est là pour le voir, cet arbre n’est pas vraiment tombé. Si vous l’avez vu tomber, notre esprit reflète pour chacun de nous une réalité différente, jusqu’au moment où vous partagez cette information avec moi.
Chacun a sa vision du bonheur, sa représentation du monde idéal, sa cosmologie et sa cosmogonie personnelle. Les religieux croient en leur dieu et voudraient imposer leur loi partout. Les communistes, les capitalistes, les décroissants, les écolos, ont tous leur vision du monde et de ses problèmes, et ont leur idée sur les problèmes de notre monde et la marche à suivre pour y remédier.
L’univers est peut-être mathématique, ou pas, ce qu’il y a de certain, c’est que nos esprits ont ce fonctionnement mathématique, nous le savons depuis « l’Inconscient structuré comme un langage » de Lacan. Nous modélisons chacun notre connaissance du monde avec plus ou moins de finesse. La communication nous permet de nous accorder entre nous, de partager nos points de vue pour construire une image plus précise et plus complète de la réalité. Et ces langages que nous utilisons pour communiquer entre nous, de la plus simple parole, jusqu’aux complexes édifices de lois qui régissent nos sociétés, en passant par le sport et l’art, l’ensemble de toutes les règles que nous créons pour nous organiser, nous permettent de construire une nouvelle structure dans l’univers, un nouveau symbole : l’humanité.
On s’aperçoit donc que nos esprits ont une structure mathématique, que les liens que nous créons et qui forment nos sociétés le sont aussi. En fait, quelque soit le système choisi, il semble que l’on peut toujours comparer un élément du système comme un système lui-même, en « zoomant » sur un élément, en l’observant avec un plus haut degré de précision, on fait apparaître les sous éléments qui le composent, et les liens qui les unissent. Une sorte de poupée-russe infinie et très complexe. C’est en substance l’hypothèse coconstructiviste d’Edgar Morin : « collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité. »


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