Comme le suggère très bien cet article, la victoire du camp
euro-atlantiste n’est pas assurée et une partie de bras de fer est
engagée entre les gouvernements régionaux de l’est (Krakov) et du sud
(Crimée) qui ne reconnaissent pas le nouveau pouvoir illégitime de Kiev.
Peu avant le putsch, le gouverneur de la région de Karkhov, Mikhail Dobkin avait déclaré lors d’un conf’ de press
1/ La création de milices
volontaires pour épauler la police au cas où les « putschistes »
nationalistes pénétreraient dans leurs régions.
2/ Les forces anti-émeutes du berkut ont été rapatriées de Kiev pour renforcer les polices locales.
3/ Les autorités régionales
sont préparées à prendre en charge les fonctions de l’administration
centrale, si nécessaire, et pour commencer l’auto-financement de la
région (la région de Kharkov est la plus riche de toutes les régions d’Ukraine et depuis la fin de l’URSS ses revenus sont utilisés pour financer les
régions de l’ouest du pays).
4/ Le sud et l’est de l’Ukraine semblent prêts à faire sécession et déclarer leur indépendance. Les autorités régionales de ces provinces ont mis en route un processus de référendum qui sera soumit en urgence à la population locale.
5/ Les autorités locales sont prêtes à
déclarer l’état d’urgence dans leurs régions et prêtes à la défendre
par les armes si nécessaire.
6/ D’intenses consultations avec la Russie sont en cours afin de
coordonner leurs actions et d’obtenir un soutien en cas de besoin.
Il ne faut pas se méprendre. Si cette stratégie semble purement défensive, elle comporte un volet très offensif. Pendant des
décennies l’Ukraine orientale et méridionale ont alimenté et
financé les régions de l’ouest. En coupant leurs contributions
financières au gouvernement central, les régions nationalistes se retrouvent sur la paille et on peut s’interroger si le camp euro-atlantiste supportera ce fardeau supplémentaire, leurs économies étant déjà mal en point.
L’argent est le nerf de la guerre et la guerre économique sera sans doute l’arme la plus efficace de la bataille d’Ukraine. C’est une stratégie que devrait poursuivre la Russie tout en étant prêt à une éventuelle intervention militaire.
La vraie inconnue (inquiétude ?) est la ville de Dnepropetrovsk qui se trouve sur la ligne de front Est-Ouest et qui pourrait être la « Sarajevo » d’Ukraine si le conflit s’envenime.
PS : Pour plus d’infos sur le sujet, l’excellent blog du francophile Saker (en anglais), dont le bien documenté Ukrainian Nationalism Its Roots