Je vais encore vous faire plaisir : je suis dans l’ensemble
assez d’accord avec votre post. Tout se joue en effet dans un rapport instable
entre la force et le droit. Tous les Etats fonctionnent en jouant
alternativement sur ces deux notions.
L’ONU est une institution importante. Elle est aussi le lieu
d’un rapport de forces. Qui ne voit que les Etats-Unis ont un statut privilégié
leur assurant une totale liberté de déclarer des guerres illégales, de faire
des centaines de milliers de victimes, sans que l’ONU n’envisage la moindre
sanction internationale ? Et que la simple déclaration de la Russie de se
donner le droit de protéger par la force les russophones d’Ukraine déclenche
une avalanche de menaces de sanctions, d’isolement du pays ? Simple effet
d’un rapport de forces militaire et financier. La force écrase ici le droit, c’est évident.
Tous les Etats ont des intérêts stratégiques, qu’ils
défendent indépendamment des grands principes et du droit international. Quand
la France bombarde la Libye et élimine son dirigeant, violant un mandat de l’ONU,
c’est qu’elle a, ce faisant, des intérêts à défendre. La Russie ne fait pas
exception : elle défendra ses intérêts quitte à s’asseoir sur des
principes qu’elle met en avant par ailleurs (Syrie, Libye). Dans cette
perspective, tous les pays du monde réservent les grands discours sur les « crimes
contre l’humanité » à la guerre médiatique, dont vous êtes manifestement
un bon spécialiste, manipulant ces notions droitdelhommistes à tort et à
travers. Mais dans la réalité de leur action, quand les enjeux géostratégiques
sont importants, cela ne compte absolument pas : les intérêts avant tout.
C’est le grand jeu. Les populations sont bien entendu otages
du grand jeu géopolitique. Pourquoi Hiroshima et Nagasaki ? Un
avertissement à Staline, sans frais pour lui, mais d’un coût exorbitant pour les Japonais. Rien
de nouveau depuis l’Antiquité.