Les intermittents du spectacle bénéficient-ils d’un régime «
privilégié » d’indemnisation du chômage ? On connaît la rhétorique des
contempteurs de ce régime : alors qu’ils ne représentent que 3,5 % des
allocataires, les intermittents seraient responsables d’un quart du
déficit de l’assurance-chômage.
’’Le hasard fait bien (ou mal) les choses. Car le déficit de 1
milliard d’euros attribué aux intermittents n’a à peu près rien à voir
avec le déficit général de l’Unedic (prévu à 4 milliards en 2014).
Comme l’a récemment rappelé la Cour des comptes, les intermittents, dont
le déficit du régime est très stable, ne sont pour rien dans
l’apparition de ce déficit qui s’explique uniquement par l’aggravation
du chômage des salariés en CDI et en CDD.
...
Le Medef, de son côté, s’est saisi de cette opportunité pour
demander à l’Etat de financer ce surcoût au titre de sa politique
culturelle. Mais ce surcoût existe-t-il vraiment ? On peut en douter.
Les intermittents ne coûtent pas plus cher que les autres chômeurs :
ces 3,5 % des effectifs indemnisés représentent 3,4 % des dépenses. La
mesure du surcoût de 320 millions n’est que l’incarnation comptable de
l’idée préconçue selon laquelle les intermittents seraient des
privilégiés. Il ne s’agit ni plus ni moins que de quantifier
ce « privilège » en se demandant à combien le « coût » des 100 000
intermittents s’élèverait si on les mettait au régime général.
Ce faisant, on confond adaptation du dispositif à l’intermittence
de l’emploi et privilège. Pour s’en convaincre, il suffit de faire
le raisonnement symétrique : que coûteraient 100 000 chômeurs du régime
général si on les basculait dans le régime « privilégié » des annexes
VIII et X ? 320 millions de plus ? Certainement pas !’’