Force Ouvrière
141, avenue du Maine
75014 Paris
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Cher cancer de Marc Blondel,
Je t’écris cette lettre un jour férié, car dès demain j’aurais beaucoup
moins de temps : il faudra se lever tôt et rentrer tard à cause des grèves.
Voilà quelques années que tu fais un bon travail, vraiment utile à la
société. Il est injuste de ne pas te remercier, et c’est avant tout pour
cela que je t’envoie cette lettre.
Certains disent qu’il est honteux que tu persévères. Ne les crois pas. Le
gros Blondel que tu métastases a bien vécu : pendant des années il a fait
chier le monde en venant crier à la télé « la grève ! la grève ! la grève
! », tout rouge et congestionné. On craignait pour lui un accident cardiaque
ou vasculaire. On désespérait à vrai dire que cela arrive. Heureusement
maintenant tu es là et tu vas l’achever. Oh il a bien profité : il n’a
jamais vraiment travaillé, on le paye à organiser des grèves, activité entre
toutes inutile et nuisible. Il n’a jamais produit de richesse, il empêche
même les autres d’en produire, et exige néanmoins que la richesse soit de
plus en plus partagée, pour que lui et ses pareils puissent s’engraisser au
passage dans des organismes sociaux qu’ils gèrent très mal mais où ils s’
accordent des salaires généreux, des retraites avantageuses, des voitures de
fonction, et, à l’occasion, des secrétaires mignonnes. N’aie donc pas de
remords : pendant des années il s’est engraissé. A toi, maintenant, de le
faire un peu maigrir, de lui faire un peu payer, de faire qu’il y ait une
justice.
Courage, cher cancer de Marc Blondel : tu l’auras !
Et quand il ne sera plus là, quand ses camarades l’auront porté en terre
avec des drapeaux et des fleurs, toi, tu resteras dans nos cours. On te
décorera de l’Ordre du Mérite comme on donnera la Médaille Militaire à ton
ami et confrère le cancer de Boudarel.
Merci encore, cher cancer de Marc Blondel.