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Commentaire de Pingouin094

sur Ukraine : l'Europe doit agir


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Pingouin094 Pingouin094 20 mars 2014 14:17

Un article dans la bien-penseance simplificatrice d’un BHL, mais qui ignore la complexe réalité du monde. Essayons de soulever quelques points :

1°) La crimée a été Russe pendant des siècles. Son rattachement à l’Ukraine dans les années 1950 n’était qu’une formalité administrative au sein de l’URSS. La Crimée n’est plus Russe depuis moins de 25 ans.
La question de son retour au sein de la Russi est donc une question légitime ; si ce n’est en regard du droit international (fixé d’abord par les Etats au nom de leur intérêt propre à conserver l’unité de leurs frontières) du moins au regard de l’histoire et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

2°) Néanmoins, le référendum qui vient d’avoir lieu ne représente aucune garantie d’un scrutin libre et sincère : organiser sous occupation militaire de la Russie, en l’absence d’observateurs internationaux (refoulés physiquement par l’armée russe, y compris avec des tirs d’intimidations), en un délais trop court pour permettre un véritable débat sur un enjeu aussi majeur, avec une question biaisée : pour l’indépendance / pour plus d’autonomie et comme résultat concret le rattachement à la Russie qui n’était pas la question posée...

3°) Le nouveau pouvoir en Ukraine pose un certain nombre de questions. De par son rôle dans la « révolution », l’extrême-droite y dispose d’une influence largement supérieure à son réel soutien dans l’électorat. Quant au reste du gouvernement, les observateurs sincères reconnaissent qu’un clan d’oligarches a chassé l’autre, le lobby du pétrole a triomphé du lobby du gaz, belle avancée pour les peuples.
Les premières réformes du nouveau pouvoir - comme le projet d’interdiction du parti communiste ukrainien - ne donnent pas l’impression d’un grand élan démocratique.

4°) Un peu de « Real Politik » enfin. Il y’a 25 ans, l’Ukraine était partie intégrante de la Russie. L’Ukraine est et reste « l’arrière-cour » de la Russie pour reprendre l’expression de la guerre froide des USA vis-à-vis de l’Amérique Centrale.
Toute ingérence occidentale en Ukraine ne peut être que considéré par la Russie comme un geste agressif envers elle.

A partir de là, que pourrait faire la France et l’UE pour le bien-être du peuple ukrainien ?

Tout d’abord, l’UE doit agir avec infiniment de précaution, de doigté et de finesse lorsqu’elle agit dans la sphère d’influence de la Russie. Jamais la Russie n’acceptera que l’OTAN ne s’installe à ses frontières et Poutine a montré à plusieurs reprises qu’il avait « les moyens de ses ambitions », y compris par l’usage de la force comme il l’a fait contre la Georgie, en soutenant Bachar Al Assad, ou en envahissant la Crimée sans tirer un coup de feu.
Idem, il est évident que la Russie ne laissera pas s’installer un pouvoir en Ukraine trop ouvertement pro-occidental et influencer par l’occident.
Enfin, il faut garder en tête que oui, la Russie a une certaine légitimité en Crimée et dans tout l’ouest de l’Ukraine.

Ceci posé, que pourrait faire une UE réellement soucieuse de l’intérêt des peuples et non pas soucieuse de ses intérêts géostratégiques propres ?

1°) La priorité est d’avoir en Ukraine un gouvernement légitime, issu des urnes et - on l’espère - où l’influence de l’extrême droite soit contenu ( 10% aux dernières élections, même s’ils doublent leur score, ça ne fait que le score de Marine Le Pen en France et la même influence on peut l’espérer).
L’UE doit donc s’attacher à soutenir l’organisation d’élection libre et transparante en Ukraine - en partenariat avec la Russie ;
L’UE devrait apporter un soutien neutre et non partisan pour que les ukrainiens déterminent librement leur choix.

2°) La situation en Crimée devrait être « gelée » tant que les élections en Ukraine n’ont pas eu lieu. Il faudrait que l’UE négocie avec Poutine la suspension du processus de rattachement de la Crimée à la Russie pour plusieurs mois, jusqu’à l’organisation d’un nouveau referendum - organisé de manière légitime et qui serait reconnu par la communauté internationale comme par l’Ukraine.

3°) Un tel referendum ne pourrait avoir lieu qu’à plusieurs conditions :
 a) Le retour des soldats russes dans leurs bases,
 b) l’instauration en Ukraine d’un pouvoir légitimé par les urnes ; afin que les criméens sachent à quoi ils s’engagent s’ils venaient à choisir de rester en Ukraine et qu’on en finisse avec la crainte d’un gouvernement « néo-nazi » en Ukraine.
 c) L’instauration d’une campagne électorale en Crimée qui prenne le temps du débat, sous le contrôle d’observateurs internationaux tant de l’UE que de la Russie, afin que les élections soient reconnus par tous.

Voilà qui me paraîtrait plus serieux.



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