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Commentaire de taktak

sur L'abstention aux européennes : un cadeau aux européistes ?


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taktak 24 mars 2014 17:53

« Avec Asselineau au moins, il n’y a pas de « si », on ne transige pas, on en sort et point barre. Ensuite les Français pourront voter la politique qu’ils voudront, Bruxelles n’aura plus son mot à dire ».

Soit vous déformez sciemment la vérité, soit, plus vraisemblablement, vous ignorez les faits et ne vous donnez pas la peine de vous documenter sur les positions réelles du PRCF avant d’écrire. Répétons que le PRCF, mais aussi ses alliés du M’pep et des Clubs « penser la France » sont pour la sortie UNILATERALE ET IMMEDIATE de l’U.E. et de l’euro. Nous avons suffisamment dénoncé à ce sujet la position du FN qui SUBORDONNE, lui, la sortie de l’euro (il ne parle pas de sortir de l’UE !) à une « concertation » avec les 28 pays membres, c’est-à-dire en clair, au FEU VERT DE LA R.F.A. !

Ajoutons que votre idée : « on sort de l’UE et on voit après si on fait une politique de droite ou de gauche », est faussement fédératrice. En réalité, on ne pourra mobiliser les couches larges de notre peuple sans ASSOCIER, comme le firent les auteurs du programme du CNR en 1943, une politique de progrès social et d’indépendance nationale. Aucune indépendance nationale n’est d’ailleurs possible si nous ne nationalisons pas les banques et les industries stratégiques, si nous ne mettons pas en place une politique nationale de reconstruction industrielle, si nous ne mettons pas en place une constitution démocratique qui complète la souveraineté nationale par une véritable souveraineté du peuple, n’excluant pas comme aujourd’hui le monde du travail (zéro ouvrier à l’Assemblée nationale !). Notre pays doit marcher sur ses deux jambes, la liberté – dont l’indépendance nationale est le socle – mais aussi l’égalité et la fraternité, qui supposent un bond en avant du progrès social. Et pour cela, il ne faut pas ménager l’oligarchie capitaliste qui brade le pays comme ses ancêtres l’ont fait en 1940, il faut oser la combattre. Les communistes ne sont pas les seuls à pouvoir le faire, mais sans eux, aucune lutte conséquente contre le capital étrangleur de la France ne pourra se mener avec quelque chance de succès.

« J’ai voté « oui » à l’article parce que le combat est le bon, mais derrière tout ça on sent bien un air entendu, une certaine tentative de récupération du combat souverainiste derrière l’aile communiste pour faire en sorte que les gens n’aillent pas voter pour eux et que la sortie de l’euro soit vouée aux mêmes oubliettes que certains courants d’extrême gauche. Les français ne vont pas se vendre au communisme simplement parce que le PRCF fait un copier/collé du programme de l’UPR, le communisme en plus. Donc le clivage politique en prime. »

Outre l’incohérence flagrante de vos propos, je vous signale que si copier/coller il y a eu, ce n’est pas dans le sens que vous dites : le PRCF a son programme depuis 2004 alors que l’UPR a été créé en….2007 et que ses fondateurs, Georges Hage, Léon Landini, Georges Gastaud, etc. combattent l’Europe supranationale et l’OTAN depuis toujours. Qui veut faire l’ange fait la bête.

« Alors faire du souverainisme tout en se prétendant communiste, mieux vaut rejoindre un parti qui a été créé spécifiquement pour sortir de l’UE et pas pour imposer une idéologie quelconque dans une société qui n’a absolument rien de communiste, et ce parti c’est l’UPR. Pas question de s’aliéner une catégorie de population voire plusieurs, on laisse ça à ceux qui font le jeu du statut quo. »

C’est vous, cher monsieur, qui aliénez à la cause de l’indépendance du pays les classes populaires, si vous ne reconnaissez pas la nécessité de mener une grande politique qui, non seulement affermisse les conquêtes passées, mais mette en place de nouvelles conquêtes sociales, grâce à des nationalisations-socialisations, une hausse du pouvoir d’achat et donc des salaires des classes populaires, le renforcement et le développement des services publics, le refus de la dette des banques et du capital, une coopération mutuellement profitable avec tous les pays du globe, une politique de paix tournant le dos au bellicisme impérialiste de l’UE, un renforcement des libertés démocratiques menacées par une UE fascisante. Le Non à Maastricht, le Non à la constitution européenne ont été massivement le fait des classes populaires (72 % des ouvriers ont voté non à l’euroconstitution !) et en l’occurrence, l’engagement des communistes a été déterminant. Cessez de vouloir exclure tout en disant vouloir rassembler, le rassemblement a besoin de diversité, d’égalité entre les composantes, il n’a pas besoin d’un ralliement (au nom de quoi ?) un Parti unique ou à un homme providentiel autoproclamé, quels qu’en soient les mérites. L’EMANCIPATION DU PEUPLE FRANÇAIS SERA L’ŒUVRE DU PEUPLE FRANÇAIS LUI-MEME !

« Si vous croyez vraiment en la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN ne rentrez pas dans le jeu des europhiles, la souveraineté nationale n’est ni une cause extrémiste ni une cause gauche/droite, elle s’impose à tous ».

Là se situe notre divergence principale : pour nous il n’y a pas de combat pour l’indépendance nationale et la souveraineté du peuple sans le combat social, sans avancées sociales, sans un programme progressiste sur le plan social ; et réciproquement, le combat social est privé de toute perspective s’il ne se lie pas à l’engagement pour restaurer la souveraineté de la France. C’est ce que nous montre l’histoire du CNR. Sans sa dimension sociale, sans la place centrale reconnue au monde du travail, fer de lance de la Résistance patriotique (cf la Grande Grève des Mineurs en mai 1941, les Maquis de Corrèze, les bataillons ouvriers des FTP-MOI…) le CNR n’existait pas. Nous, communistes, nous voulons le socialisme et nous pensons que les conquêtes sociales dynamisent le processus révolutionnaire et que, lorsque notre peuple le voudra, nous sortirons non seulement de l’euro, de l’UE, de l’OTAN mais aussi du capitalisme. Créant ainsi les conditions définitives de l’indépendance de la France, des retrouvailles de notre pays avec la grandeur historique et de la prospérité des Français. Bref, nous sommes fidèles au mot de Jean Jaurès : «  la souveraineté nationale est le socle de l’émancipation sociale ».

« C’est ce qui est bon pour la classe ouvrière que je considère comme patriotique » disait James Connolly, martyr de l’indépendance irlandaise. Car il y a identité entre l’intérêt de la classe ouvrière et de ses alliés et l’intérêt de la nation républicaine. C’est la raison pour laquelle les communistes furent l’âme des combats pour l’indépendance nationale ou la libération nationale, et avant eux les Communards – qui refusèrent l’occupation de Paris livré aux Prussiens par Thiers – et les Soldats de l’An II, qui vainquirent l’Europe des rois au son de la Carmagnole et de la Marseillaise.

De plus, il y a des forces réactionnaires et clairement fascistes qui militent contre l’UE. Certains, mensongèrement comme le FN, lequel abandonnera certainement toute velléité de lutte anti-UE entre les deux tours de la présidentielle pour parvenir au pouvoir avec les voix UMP, d’autres comme vous, qui refusez de comprendre que le combat pour la souveraineté populaire/nationale est indissociable d’une politique sociale, donnant sa place centrale au monde du travail. C’est pourquoi nous parlons de la sortie de l’euro et de l’UE par « la porte de gauche« , ce qui évidemment exclut le Parti Socialiste, ou plutôt, son appareil et ses directions.

Il est dommage en bref, puisque vous vous recommandez de l’UPR qui refuse l’UE, que vous refusiez de vous inscrire dans une dynamique PLURIELLE, supposant l’égalité en droit de chaque composante, communiste, socialiste, gaulliste, etc. – Quand le Général de Gaulle a accepté de fédérer la diversité de la Résistance, de traiter nommément avec les communistes, d’avancer à la fois un programme de renaissance nationale et de progrès social (« Les Jours heureux »), il a réuni, à l’initiative de Jean Moulin et avec l’apport d’avant-garde de Pierre Villon et du PCF clandestin, 90% du peuple français en excluant seulement les collabos du Comité des Forges et de l’extrême droite raciste. Quand il fut tenté par la suite de fédérer derrière sa personne en stigmatisant les communistes et la CGT, en maudissant « les partis » et en se méfiant fortement de la diversité française, il n’a pu mener pleinement sa politique d’indépendance nationale parce que, dans les faits, dès 1958, les milieux du grand patronat et de la Banque ont préempté la direction réelle de la 5ème République avec leur Giscard, leur Chalandon, leur Pompidou, etc. Si bien qu’en réalité, le drapeau rouge des ouvriers et le drapeau tricolore ont divorcé (1968), que la droite atlantique a pris le pouvoir dès 1969 et que notre pays, plombé par trente ans d’anticommunisme obsessionnel, est aujourd’hui aux portes de la décomposition sociale et nationale.

Plus que jamais, l’anticommunisme est l’ennemi de la nation. Plus que jamais la crainte de la classe ouvrière et du monde du travail, le désir de ne pas heurter le grand capital, mènent à la défaite. Plus que jamais il faut construire, répétons-le, un rassemblement pluriel assumé et non pas un consensus aseptisé derrière un « sauveur suprême », si désintéressé soit-il.

Voilà, Monsieur, la vérité sur le PRCF : antifasciste, patriote, internationaliste, progressiste et voulant unir, rassembler les forces populaires, républicaines, progressistes et révolutionnaires dans un vaste Front pour la sortie par la porte de gauche, celle de la réduction des inégalités, du progrès social, du produire en France avec tous les habitants de notre pays, de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et, quand notre peuple le décidera et sous les formes qu’il décidera, du capitalisme qui détruit notre pays.


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