La différence gauche-droite s’est affaiblie en France depuis 1983 quand François Mitterand a estimé qu’il n’y avait pas d’autre voie pour le monde que le néolibéralisme (le livre fondamental sur ces questions est « le grand bond en arrière » de Halimi, Fayard). C’est une erreur tragique dont nous n’avons pas fini de payer les conséquences. Après Maastricht, le traité de Nice a aggravé les choses et le gouvernement Jospin a continué sur la voie de la privatisation du pool d’entreprises nationalisées au-delà du raisonnable. Pas étonnant après cela que les Français ne perçoivent plus comme avant la différence droite-gauche. Laurent Fabius est le dirigeant socialiste qui s’est aperçu le premier que le P.S. faisait fausse route. Le programme de Ségolène Royal, timide du point de vue économique, marque néanmoins un infléchissement à gauche vers un donnant-donnant entre les puissances économiques et la nation. Il marque aussi un appel neuf à la participation des citoyens dans les communes et les régions au lieu de les renvoyer chez eux après chaque élection. Mais même après les erreurs des vingt dernières années qui ont affaibli la gauche et nourri l’abstention et l’extrême-droite du désespoir, la France reste coupée à peu près en deux, d’où la modération dont doivent faire preuve les candidats possiblement éligibles. Il y a toujours une partition dans le pays et la gauche (même molle) garde un souci de liberté, d’égalité tendantielle et d’aspiration à la fraternité qui fait défaut à la droite qui, après la destruction progressive des services publics commerciaux (poste,...), s’attaque à l’éducation nationale, aux hôpitaux publics et à l’exception culturelle française en changeant discrètement les réglementations.