A cet égard, je citais, sur mon blog, un extrait du livre de Bernard Debré, « Nous avons tant aimé, l’euthanasie, l’impossible loi » :
"Pour les uns, la dignité essentielle consiste à ne pas vivre grâce à l’assistance de tuyaux et entouré d’écrans de contrôles. C’est la vision que véhiculent les théoriciens de l’euthanasie, qui sont pour la plupart, je ne le dirai jamais assez, des gens bien portants. Mais c’est rarement celle des malades en fin de vie, pris en charge dans le cadre d’unités palliatives. Pour eux, la première dignité est de recevoir la dose d’antalgique au bon moment ; c’est aussi qu’il y ait des infirmières en nombre suffisant pour les entourer, leur parler de tout et de rien, faire leur toilette dix fois par jour s’ils ont perdu le contrôle de leurs selles ou de leurs urines... La dignité du mourant se confond alors avec celle, admirable, des hommes et des femmes qui l’accompagnent dans ses derniers instants : personnel hospitalier, familles, proches, qui consacrent affection et dévouement à rendre digne d’être vécue une vie qui s’en va.
Changer draps et pansements aussi souvent qu’il le faut, maintenir une chambre impeccable et une atmosphère joyeuse - oui, joyeuse ! j’en témoigne pour l’avoir constaté et m’être senti incapable d’expliquer pourquoi - répondre aux derniers désirs d’un mourant qui réclame son petit plat préféré, au nom de quoi cela serait moins conforme à la dignité humaine que débrancher un tuyau parce que l’espoir de guérir a disparu ?
Cette évidence assaille quiconque prend la peine de fréquenter, ne serait-ce qu’épisodiquement, les centres de soins palliatifs : ce n’est pas la mort qui est indigne, c’est l’absence d’accompagnement. Oui, mourir peut être laid, sale et malodorant. Mais c’est aussi aux vivants qu’il appartient d’être dignes en faisant en sorte que la mort ne soit rien de tout cela. Voilà bien l’étrange paradoxe de ce XXIème siècle : présenter l’euthanasie comme un progrès alors que notre époque est la première de l’Histoire à détenir les moyens de supprimer la douleur physique et, dans une moindre mesure, la souffrance psychologique".
Je ne dis pas que j’ai une solution. Ce que je ne voudrais surtout pas, c’est qu’une certaine précipitation amène à choisir la solution rapide et propre. Comme une exécution bien menée.
(et je provoque sur cette dernière phrase, mais simplement pour souligner que ce qui est rapide et propre n’est pas forcément le summum de l’éthique)