On peut être « non-iste » et ne pas être d’(extrême-) gauche ou droite !
Dans mon cas, je me considère plutôt comme centriste, et j’ai pourtant voté non (sans aucun regret), mais pas pour les motifs raillés par la plupart des médias (et des oui-ouistes). Je ne pense en aucun cas être « anti-tout » ! Pour rappel, les raisons qui m’ont fait voter non sont essentiellement :
- un fonctionnement institutionnel non démocratique (voir le texte d’ Etienne Chouard sur le sujet, même si je ne suis pas forcément 100% d’accord avec tout ce qu’il dit je trouve que c’est pertinent sur la question institutionnelle). Un exemple montrant le fonctionnement dévoyé de cette lobbycratie est la manière dont s’est passé le débat sur les brevets de logiciels ! D’une manière générale et pour résumer, le parlement (qui est le seul organe directement élu) a trop peu de pouvoirs (même avec le TCE, même avec la procédure de « codécision »). Le conseil des ministres en a bcp trop, et accessoirement représente une chambre législative au niveau européen alors même qu’ils sont l’exécutif dans leur propre pays !
- le caractère profondément non modifiable du traîté. OK, c’est le cas de tous les traités, mais celui-ci avait vocation à durer longtemps et à entériner tout le cheminement (notamment institutionnel) qui s’est fait dans notre dos
- le caractère illisible : vous signez des chèques en blanc, vous ?
Le fait qu’il soit mauvais sur d’autres points (trop/pas assez social, etc...) n’est qu’un détail selon moi : si les institutions étaient démocratiques, si le traîté était modifiable, ces points auraient pu être revus plus tard !
Mais les 3 points que je décris sont fondamentaux pour moi. Les arguments selon lesquels il fallait voter oui « parce que sinon c’est dire non à l’europe » (on nous a déjà fait le coup avec Maastricht) ou tout autre argument du même acabit (« avoir une europe puissante pace à la Chine et aux US », etc...) sont fondés sur des généralités à 2 balles et pas sur le contenu du traîté. Je suis tout à fait d’accord pour une europe puissante, et même pour une europe plus fédéraliste que ce truc qui était proposée (avec par ex un gouvernement (élu) européen et un affaiblissement des gouv nationaux, un impôt européen, recherche, serv public, etc...). Mais pour autant je ne suis pas prêt à dire oui à n’importe quoi !
Et franchement, les oui-ouistes qui raillent l’inexistence du prétendu plan B commencent à me gonfler ! Jamais il n’a réellement été question d’un plan B. Mais ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas là tout de suite qu’il n’y aura jamais rien ! Je préfère que l’europe se fasse + lentement mais bien que trop vite et mal (de manière irréversible). Accessoirement, la plupart des candidats proposent aujourd’hui des solutions (comme un « mini-traîté »). Ce n’est pas génial (le problème institutionnel que j’ai soulevé subsiste) mais au moins ça limite le caractère « illisible » du texte.
Dernière chose : beaucoup de pays ayant voté oui l’ont fait par voie parlementaire, ne pas l’oublier ! J’espère que le futur président aura l’élégance de nous poser à nouveau la question plutôt que de faire passer la chose dans notre dos...