Bonjour,
c’est tout à fait juste.
Cette phrase : ’’Avec un peu de recul, il est aujourd’hui possible et sans risque d’être
critiqué d’affirmer que l’augmentation de la consommation a favorisé le
repli sur la sphère privée au détriment de tout engagement public. De ce
point de vue, la société de consommation a rendu les personnes
culturellement et politiquement passives.’’
résonne en écho avec l’ouvrage d’Annie Ernault : ’’ Regarde les lumières mon amour’’, par Annie Ernaux, au Seuil, 5,90 euros.’
dans lequel elle écrit notamment : ’’La docilité des consommateurs est sans limites’’.
’’Auchan, Annie Ernaux en connaît plus d’un rayon : des jouets, qui préparent les filles à faire plus tard les courses, à ce « langage humanitaire de séduction » qui vend de la « viande à 1 euro par personne », rien ne lui a échappé. Ni l’absence d’horloge qui fait « perdre la notion de l’heure », ni l’espace librairie où « le choix proposé obéit à un seul critère, le best-seller ». Ni même cet instant très particulier, à la caisse, où, déballant nos provisions devant un tas d’inconnus, nous voilà « exposant,
comme nulle part autant, notre façon de vivre et notre compte en
banque. Nos habitudes alimentaires, nos intérêts les plus intimes. Même
notre structure familiale...
Partout, elle a éprouvé ce pouvoir qu’a la grande distribution de « faire la loi dans nos envies ». Et partout, y compris en s’observant elle-même, elle est tombée sur l’idée glaçante que « la docilité des consommateurs est sans limites ».
Cent trente ans après Zola (« Au Bonheur des Dames »), un demi-siècle
après Perec (« les Choses »), trente-cinq ans après les Clash (« Lost in
the Supermarket »), le principe d’économie qui régit sa prose ascétique
est, à lui seul, la meilleure des réponses à l’hypnotique profusion des
choses. »