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Commentaire de Roubachoff

sur « Welcome to New-York » : élégant, courageux et intelligent


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Roubachoff 23 mai 2014 07:36

Bonjour Ariane,

J’ai également vu le film, et je ne suis pas emballé.

Tout d’abord, parce que Depardieu n’est pas du tout le personnage. DSK est un type froid, intelligent, calculateur et obsédé sexuel. Mais ce qu’il cherche dans le sexe, en plus de sa satisfaction, c’est l’affirmation de son pouvoir sur les autres. En cela, il n’est pas différent de beaucoup d’autres hommes politiques « chauds de la braguette ». Alors que Depardieu nous présente un gros porc vaguement rabelaisien (version dégénérée) et couineur, c’est-à-dire lui-même, son modèle était et reste un harceleur capable d’utiliser sa position hiérarchique pour contraindre une femme à avoir une relation avec lui.

Ensuite, il y a la charge contre Anne Sinclair. Précisons que je n’aurai jamais la moindre sympathie pour une femme qui déclare ne pas envisager d’épouser un homme qui ne soit pas de sa race. Que cette dame soit juive, noire, blanche ou jaune ne change rien à l’affaire. (Même remarque pour un homme, évidemment.) Mais le renversement de la fin, qui la montre en bourreau de ce bon gros un peu con que serait DSK (et qu’est assurément Depardieu) me semble exagéré. Pour tout dire, il m’a même donné envie de vomir. Quant à DSK rêvant d’éradiquer la faim dans le monde, même au début de sa carrière, quel fumeur de moquette aviné est allé chercher ça ?

Je pourrais en dire plus, mais cette œuvre ne mérite pas une longue exégèse. Deux derniers points, cependant :

1) Je m’étonne que personne, à ma connaissance, n’ait relevé la stupidité crasse de l’accusation que Depardieu lance à Bisset. « 1945 ». Enfin, en 1945, tout était terminé, et ce n’est certainement pas là que les profiteurs de guerre se sont enrichis. Si quelqu’un pouvait m’expliquer... Est-ce une improvisation douteuse de l’acteur, non relevée et corrigée par un metteur en scène un peu juste en connaissances historiques ? 

2) Cette accusation, parfaitement fausse, ne sert pas le film, bien au contraire. Cela dit, l’éternelle rengaine de l’antisémitisme commence à me percer les tympans. Histoire de rééquilibrer les choses, j’avoue m’étonner aussi que personne n’ait songé à rappeler que le métier de marchand d’art n’est pas particulièrement reluisant. Alors qu’elle ne doit pas être confondue avec l’activité de mécène, cette profession consiste quand même, en achetant à bas prix ce qui vaudra un jour une fortune, à spolier les artistes et leurs descendants des fruits de leur travail. Ainsi, quand Mme Sinclair vend une petit tableau à 20 millions de dollars, histoire de parer à ses besoins du mois, on ne peut pas vraiment dire qu’elle puise dans la fortune légitime de sa famille. (Remarque à l’attention du CRIF : je pense exactement la même chose des marchands d’art non juifs.) 

Pour conclure, félicitons-nous au moins de discuter d’un film que nous nous sommes donnés la peine de voir. En ces temps où tout le monde juge sans savoir (comme Mélenchon sur l’affaire Dieudonné, par exemple) c’est un agréable changement.

Cordialement

 


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