A l’âge de 13 ans, je
voulais être journaliste. Au moindre incendie à Paris, je sautais sur mon vélo
et je me rendais sur les lieux. Et puis « j’ai fait » ingénieur, pour
une raison indépendante de ma volonté : je comprenais facilement les maths.
Un prof (de maths) m’a dit : y a pas, faut faire math sup. Finalement, je
ne le regrette pas, car le métier de journaliste n’existe pas (ou plus). Un
ingénieur doit se tordre les méninges pour imaginer des solutions originales
auxquelles d’autres, et en particulier son patron, n’ont pas pensé. Un
journaliste doit simplement suivre la ligne éditoriale de son canard pour
conserver son poste, écrire ce que souhaite son patron. Et tordre les faits,
caricaturer les « méchants », dégouliner de compassion pour les « gentils
». Rien à voir avec la collecte des faits, leur vérification, et la synthèse
qui en résulte. Rien à voir avec le beau métier de journaliste. Je lisais tout
à l’heure l’article du Monde sur l’attentat en pays Ouïgour. Les « méchants »,
ce sont Pékin et les Hans. Les « gentils » sont les Ouïgours qui
demandent à parler leur langue, à respecter leurs coutumes, et comme Pékin le leur
interdit, les « gentils » ont passé le relais aux terroristes
islamistes (des « très méchants », mais quand c’est pour la bonne
cause, contre Pékin et Moscou, comme en Syrie ou en Tchétchénie, on glisse). Je
m’imaginais envoyer un commentaire ironique sous cet article du genre : cher « journaliste »,
je suggère pour économie de transmettre votre article à votre collègue qui
traite de l’Ukraine. Il aura juste à changer Pékin pour Kiev, et Ouïgours pour russophones.
Et à ajouter les chars et les hélicoptères de combat pour la répression. Pour
le reste, ça colle (sauf peut-être pour la ligne éditoriale).