Orwell nous a expliqué beaucoup de choses sur le pouvoir, mais il est récemment devenu évident qu’il n’a fait que réunir des théories et des enseignements de l’histoire réunis, cinq ans avant la publication de « 1984 », en 1944, dans un traité politique russe signé par un certain J. B. E. Goldstein, un nom on ne peut plus proche de celui d’« Emmanuel Goldstein », le personnage fictif de ce célèbre roman.
Mieux encore, le bouquin en question porte le titre de « Théorie et pratique du collectivisme oligarchique ». Et encore, ce n’était pas une nouveauté à l’époque, puisque ce J. B. E. Goldstein remercie, après la page de titre, son ami Edouard Boulard, dont on découvre qu’il a fait publier, plus tôt encore en 1894, un autre traité politique intitulé, tenez-vous bien, « Théorie et pratique du collectivisme central-révolutionnaire ».
Ayant déja lu - et étant en train de relire car il est ardu - cet essai du vrai Goldstein, je puis dire qu’il exlique, avec beaucoup plus de détails soutenus par des théories de nombreux penseurs dont certains sont toujours fort connus, tout le fond sur lequel Orwell s’est basé pour écrire « 1984 ».
Par exemple, le « Novlangue » de « 1984 » a, en réalité, été inventé et mis au point par un linguiste anglais, C. K. Ogden, durant les années 1920-1930.
Toute la trame de la guerre entre les trois continents, y compris les noms de super continents « Estasia », « Oceania », et « Eurasia », a été projetée par deux célèbres géographes de la fin du 19e siècle et du début du 20e, Halford Mackinder et Karl Haushofer. Même les célèbres phrases du genre « Qui contrôle le présent contrôle le passé ; qui contrôle le passé contôle le futur », sont tirée de la syntaxe de Mackinder, et c’est indiscutable, puisqu’il est possible de retrouver tout cela dans des bouquins qui ont été publié 50 ans avant « 1984 ».
L’ensemble du livre de J. B. E. Goldstein, dans son approche et sa syntaxe, évoque fortement une version moderne du Prince de Machiavel. La sociologie et la psychlogie des masses y sont très présents. Gustave Le Bon est abondament cité, mais aussi quelques experts propagandistes des années 1930-1940 (ces parties sont fascinantes à lire, et surtout elles semblent incroyablement modernes).
Enfin, car il me faut bien conclure, on y trouve même, dans un passage malheureusement trop court, une explication technique concernant la possible évolution d’un brevet de tube vidéo déposé par la société CBS durant les années 1930, pour mettre au point une télévision qui permetrait d’espionner la population !