" Je suis professeur des écoles à Paris
depuis 24 ans. Ces dix dernières années, j’ai exercé en tant que
titulaire-remplaçante dans un même quartier de Paris. Je passe d’une
classe à l’autre pour remplacer mes collègues absents deux jours, une
semaine ou plus. Je pense donc être bien placée pour constater les
effets de la réforme des rythmes scolaires à Paris de la petite section
de maternelle jusqu’au CM2 sur des enfants que je revois d’une année sur
l’autre.
Le premier constat que je fais, c’est qu’ils
prennent plus de temps qu’avant pour effectuer un même travail. Ils
s’arrêtent plusieurs fois au cours d’un exercice et se mettent à
rêvasser. Je leur demande s’ils sont bloqués dans leur travail, mais ce
n’est pas le cas la plupart du temps. Ils s’y remettent en rechignant un
peu, de toute évidence ils semblent avoir moins de plaisir à
travailler. En conséquence, il n’est plus possible de faire autant de
choses qu’avant sur une même plage horaire. Ce qui est nouveau aussi,
c’est l’augmentation du nombre d’élèves qui ne vont pas au bout d’un
travail. Il s’arrêtent, ils commencent à s’agiter et il n’est plus
possible de les remettre au travail.
Quoi qu’il en soit, à partir
du jeudi après-midi, il semble évident que le temps passé en classe ne
sert pas à grand chose tant il est devenu difficile de les faire
travailler. Même le sport ne les intéresse plus en fin de semaine.
Durant les jeux collectifs dont ils ont toujours raffolé, de plus en
plus d’élèves demandent l’autorisation d’arrêter pour aller s’asseoir. "