« bourgeois c’est plutôt riche et rentier, au moins en partie »
Vu du Guatémala, l’Europe ou les USA sont des pays bourgeois — c’est du reste à la fois ce qui motive les migrations de la misère vers ces pays et à la fois ce qui motive les touristes (
backpackers compris) à fuir l’ennui bourgeois, cadré, sans surprise ni frisson ni risque pour aller vers
« l’authentique ».
Des ouvriers européens avec une maison, une ou deux voitures, un peu de « pouvoir d’achat » (mais à peu près aucun pouvoir politique réel) et quelques semaines de congés payés, ont objectivement le niveau de vie de bourgeois de pays comme celui où je vis et où s’attache mon existence (le Guatémala) et bien d’autres qui n’ont jamais connu les « bienfaits » de la croissance et du consumérisme, cela en bonne patie parce que la prospérité des pays « bourgeois » et l’Etat-providence et l’amélioration généralisée des conditions de la classe ouvrière (cela sous l’effet à la fois des mobilisations ouvrières et de la pétoche de l’URSS dans le patronat) est conditionné à la misère, l’exploitation, l’absence de démocratie réelle et la corruption dans ces pays merveilleusement « authentiques » que vont visiter les touristes.
Bien sûr, l’attaque de la finance depuis quelques années contre les nations et contre le principe démocratique de souveraineté populaire, en Europe, semble indiquer que c’en est fini de cette parenthèse « bourgeoise »...
Mais, pour conclure, oui, si on rapporte le mot « bourgeois » au sens fort qu’il a eu au XIXe siècle et même dans l’imaginaire des gauches au XXe, ce mot a un sens et renvoie à un imaginaire, à des pratiques, peut-être bien plus encore qu’à un critère socio-économique.