D’abord, je réfute l’hypocrite qualification de « travailleur du sexe », formule magique moderne qui vise à escamoter le problème moral de la prostitution, raisonnement à la Pierre Bergé, ce vieillard évaporé, introverti et lunatique, qui ne voit pas de différence entre prêter ses bras à l’industrie pour fabriquer une voiture ou prêter son ventre à l’illusion sodomite pour lui « fabriquer » un enfant : Non, la prostitution n’est pas un travail, et c’est précisément pour cela qu’elle est réprouvée.
Maintenant, il ne s’agit pas pour autant de ne pas traiter humainement la prostituée. Ainsi que son client d’ailleurs : Sur ce point, je vous rejoins pour dire que ce qu’il est légitime d’abolir, ce n’est pas la prostitution, car elle ne peut être abolie, sauf à changer la nature humaine, mais le proxénétisme : Le voilà, le chaînon hideux et parasite entre la prostituée et son client, et s’il disparaissait, il y aurait aussitôt beaucoup moins de prostitution, puisqu’il n’y aurait plus, comme prostituées, que celles qui veulent d’elles-mêmes s’adonner à cette occupation, tandis que toutes celles qui n’y vont que forcées disparaîtraient aussitôt du circuit.
Dans cette affaire, la pénalisation du client est un point de vue très choquant, qui procède du même esprit contemporain qui trouve toutes les excuses aux voyous, et aucune à leurs victimes, que la justice laisse exposées aux représailles des clans mafieux quand elles ont eu le malheur de porter plainte :
Le client n’est nullement responsable de la présence de la prostituée sur le trottoir, et s’il se laisse tenter par cette illusion de relation amoureuse (car cela n’en a que l’apparence) c’est qu’il a peut-être, lui aussi, quelque lourd problème affectif qui l’a mené là où il en est : Pourquoi dans ce cas pardonner à la prostituée lorsque c’est elle qui crée la tentation ? Dans cette situation, la prostituée qui s’offre sur son trottoir est évidemment plus coupable que son client. Le client, lui, n’est coupable que s’il tente à la prostitution une femme qui ne s’y adonne pas, en lui proposant une relation tarifée qu’elle ne lui demande pas : Ce client-là, oui, est coupable, car il cherche à corrompre une femme innocente.
Quoi qu’il en soit, l’idée qu’une loi puisse « abolir » la prostitution est une stupidité d’autruche, qui revient à croire qu’il suffirait de casser le thermomètre pour ne plus avoir de température.
La seule voie pragmatique, dont on sait qu’elle aura une efficacité, est la lutte implacable contre le proxénétisme en aggravant les peines punissant ce crime : la disparition de ce « métier » greffé sur celui de la prostituée diviserait au moins par 3 le nombre de prostituées, ce qui revient à dire qu’elle sauverait 2 prostituées sur 3. Le reste n’est que balivernes...