Pour Airbus, les années de vaches maigres sont là et au moment où le gâteau se rétrécit, comment faut-il le partager entre Français et Allemands ? N’y a-t-il pas encore et toujours des arrière-pensées entre les deux partenaires historiques ?
Le plan de réduction d’effectifs d’EADS favorise les Allemands avec 3700 suppressions d’emplois alors que la France paraît vouée à payer le prix fort avec 4300 postes supprimés.
Que cache cet équilibrage alors que les Allemands vont en plus récupérer à Hambourg la plus grande part des fabrications de l’A320 et de ses dérivés 318, 319 et 321 ?
Tout semble fait pour les calmer à première vue. Mais dans les hautes sphères d’EADS ou d’Airbus, les bons sentiments n’ont jamais été un critère de décision.
De fait, l’avenir passe par les nouveaux matériaux composites appelés à remplacer l’aluminium dans les avions du futur. Les performances promises du Boeing 787 « Dreamliner » sont essentiellement dues à ces nouveaux matériaux plus légers, moins sensibles à la corrosion et surtout moins chers à mettre en œuvre à la condition de maîtriser leur fabrication. Boeing a pris une longueur d’avance sur Airbus, parti pour le 787 à base de composites alors qu’Airbus s’engouffrait dans l’A380 tout ou presque en aluminium.
L’avion de base du futur face à une extrapolation limite du passé.
Mais demain, ce sont les matériaux composites qui feront le champion et Airbus s’en rend compte avec un temps de retard aujourd’hui.
Alors, ne vaut-il pas mieux laisser les Allemands fabriquer les avions actuels et permettre ainsi diplomatiquement aux bureaux d’études français de concevoir les matériaux de demain destinés au nouvel A350 XWB puis au successeur de l’A320 ? La tête en France et les bras en Allemagne ? Surtout qu’en occident, seule la matière grise est considérée comme valeur ajoutée.
Mais la prudence s’impose et le pari pas gagné d’avance. Lancer des études ne signifie pas réussir un pari industriel.
Par le passé, Airbus avait déjà fabriqué les dérives des A310, puis des A300-600 en composite et certaines ont « lâché » comme par exemple sur le vol AA 587 au dessus de New York en 2005.
Les Allemands sont conscients de l’enjeu, que ce soit pour l’A350 ou pour le successeur prévu de l’A320 et refusent d’être écartés de cette manne que va générer la mise au point de la technologie du XXI ième siècle. Les emplois menacés ne doivent pas cacher d’autres enjeux plus importants.
Il est erroné de raisonner avec uniquement les données de 2007. C’est avec une vision 2012 ou 2020 qu’il faut voir l’avenir d’Airbus.