Bonjour Passtavie
Je vous comprend.
S’il y a une nostalgie bien légitime, c’est bien celle de nos villages d’antan, vivants ou tout le monde se connaissait et s’entraidait lors des grands travaux d’été...
Mais comment raconter à nos enfants, petits enfants ce qui n’est plus : les longues fermes francomtoises non rénovées avec dans l’étable, l’âne, la vache, le poulailler qui s’égaillait dés potron minet à l’arrière du batiment, picorant le tas de fumier... la pierre d’évier, la cabane au fond du jardin :)
Les champs à perte de vue ou tout un chacun pouvait aller cueillir les champignons, se rafraichir dans le petit ruisseau sans qu’il ne vienne à l’esprit de personne de vous accuser de violation de propriété privée...
La charette qui descendait la grande rue (la seule goudronnée en partie jusqu’au bois qui séparait les deux villages) tirée par l’âne, le bol de lait du matin tiré du pis de la vache et encore tiède (pas stérilisé, upérisé, pasteurisé...) Le coq (enfin les coqs) qui chantent à l’aurore, le marteau du maréchal ferrant...les chiens qui aboient lorsqu’une voiture traverse le village (2 sur une matinée au grand maximum)..
Et puis vingt ans après, le choc ! les champs disparus pour laisser place à des lotissements avec gazon, sans poules ni fumier... Une partie des fermes abattues pour laisser place au béton bien carré sans style aucun, sans âme qui vive la journée, des cités dortoirs cloturées... L’église vide le dimanche (tout le village se rendait à la messe), les lotos de monsieur le curé aux oubliettes (mais qui voudrait gagner un petit cochon maintenant, qu’en ferait il ?)
Ici dans le sud ou je vis maintenant, ce sont les vergers et les vignes qui disparaissent pour laisser place à des cubes dans lesquels les gens vivent les uns sur les autres ou à des lotissements avec des jardins tout riquiquis...
et qu’un mome expédie son ballon dans un de ces bunkers, dérangeant ainsi la quiétude vendue sur catalogue, on frôle le scandale.. !
des jardins vides hormis un chien rendu aphone (parfois opéré !), un chat qui est censé ne pas franchir la cloture du voisin (on en viendrait aux mains pour un pissou et trois mini crottes..) et dont le réglement de copropriété détermine la hauteur des haies, standards...
Chaque année dans le mien, je laisse la mauve pousser afin que les abeilles puissent butiner... me suis faite rappeler à l’ordre, ces grandes tiges faisaient désordre ! Ma vigne dont les fruits rassasiait les oiseaux s’est faite ratiboiser d’office de l’extérieur et ramené à portion congrue, mon paillis (afin que la terre ne soit pas nue) dénoncé comme pouvant être cause d’incendie...
De guerre lasse les autres récalcitrants à la standardisation et à l’uniformité ont fini par arracher leurs haies, déverser du désherbant...
Alors des poupoules et des lapinoux n’y pensons même pas...