« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. »
La note d’Engels ne précise ni n’atténue rien. Il persiste dans son erreur qui est : ethnocentrisme et anachronisme.
Dans la préhistoire, il y avait vraisemblablement une société sans idée de propriété ; le concept même de chasseur-cueilleur l’implique puisque n’étant pas sédentaire et suivant les cycles naturels (migrations de troupeaux, etc), tu ne peux physiquement amasser, juste le strict nécessaire qui en ce temps est abondant (l’homme fait avec ce qu’il a sous la main) ; et la nature étant un frigo à la porte ouverte dont le contenu se renouvelle constamment l’idée-même de posséder ne peut t’effleurer l’esprit, c’est absurde.
Et cela aussi est une pierre dans le jardin de tous ceux qui au fond pensent que l’homme est mauvais par nature et qu’il lui faut panpan cucul (un ordre pour le tenir). Non, les vices de l’homme sont apparus plus tard ; disons qu’ils sont la rançon du confort matériel.
A l’époque dont on parle, c’est-à-dire avant l’apparition de l’agriculture, il y a a la surface du globe 3 millions d’individus à tout casser (je donne ça comme ordre d’échelle, je n’ai plus les chiffres en tête).
L’apparition de l’agriculture et la sédentarité qu’elle implique - il est difficile de donner une prééminence chronologique à l’une ou l’autre - vont entraîner une augmentation de la population (ne pas croire que c’est lié à une meilleure nourriture et donc qu’avant on crevait la dalle, les raisons semblent être autres) et l’apparition de choses ultérieures comme travail, propriété, monnaie.
Hors de la sédentarité, ces choses n’ont pas lieu d’être ; ça n’effleure pas l’esprit, ça n’a aucune nécessité. Le travail, par exemple : auparavant, l’homme a faim, il cueille un fruit ou tue le gibier qui passe, il n’a pas peur du lendemain, la nature est abondance ; plus tard, il lui faut travailler. car ce n’est plus la nature qui subvient à ses besoins, c’est lui-même.
De surcroît, tu peux observer qu’un basculement s’opère qui ne peut qu’entraîner le mental vers l’abstraction et la rationalisation ; parce qu’auparavant l’homme vit dans l’immédiat alors qu’avec l’agriculture il bascule dans la médiateté et est contraint sous peine de se mettre en péril d’envisager l’avenir.
L’âge précédent l’apparition de l’agriculture a laissé dans la mémoire un souvenir si vif qu’il est appelé l’âge d’or par tous les mythes. Pour cette raison que, en effet, tous les fléaux humains étaient inconnus.
Ce qui est vrai. L’erreur humaine, ce n’est pas les bourgeois ou je ne sais quoi, c’est l’apparition de l’agriculture. Le reste n’est qu’effets et conséquences.
Pour percuter tout cela, un simple regard sur une chronologie suffit :
homosapiens, c’est 100 000-120 000 ans de durée (ce sont des échelles évidemment, car on ne peut avoir de dates précises) ;
l’apparition de l’agriculture,c’est -12 000
la population, c’est dans la première période quelques millions sur 100 000 ans de durée ;
depuis l’agriculture à aujourd’hui, soit 15 000 ans de durée : 8 milliards d’individus ;
Sur le plan technologique, de tout ce qu’on a retrouvé, concernant les 100 000 années précédent l’agriculture, ça se limite quasiment au pagne ;
les dernières 15 000 années, on est passé du pagne à la fission nucléaire.