La théorie de l’évolution de Darwin n’est pas en cause ici.
La dialectique dit que si la connaissance n’est pas figée, que comme les espèces elle a une histoire. Que sur le plan pratique, politique, ce qui était vrai hier dans des circonstances données peut ne plus l’être aujourd’hui, et qu’il importe d’analyser la nouveauté.
Bien sûr qu’il y a une dialectique idéalisme/matérialisme, et même une lutte historique entre ces deux grandes tendances de la philosophie. Il faut lire le Ludwig Feuerbach de F. Engels.
La question du rapport de la pensée à l’être,
de l’esprit à la nature, question suprême de toute
philosophie, a par conséquent, tout comme n’importe
quelle religion, ses racines dans les conceptions
bornées et ignorantes de l’état de sauvagerie.
Mais elle ne pouvait être posée dans toute sa rigueur
et ne pouvait acquérir tout son sens que lorsque la
société européenne se réveilla du long
sommeil hivernal du moyen âge chrétien. La question de
la position de la pensée par rapport à l’être qui
a joué aussi du reste un grand rôle dans la scolastique
du moyen âge, la question de savoir quel est
l’élément primordial, l’esprit ou la nature - cette
question a pris, vis-à-vis de l’Église, la forme aiguë
: le monde a-t-il été créé par Dieu ou
existe-t-il de toute éternité ?
Selon qu’ils répondaient de telle ou telle façon
à cette question, les philosophes se divisaient en deux
grands camps. Ceux qui affirmaient le caractère
primordial de l’esprit par rapport à la nature, et qui
admettaient par conséquent, en dernière instance, une
création du monde de quelque espèce que ce fût -
et cette création est souvent chez les philosophes, par
exemple chez Hegel, beaucoup plus compliquée et plus
impossible encore que dans le christianisme -, ceux-là
formaient le camp de l’idéalisme. Les autres, qui
considéraient la nature comme l’élément
primordial, appartenaient aux différentes écoles
du matérialisme.
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Mais la question du rapport de la pensée à
l’être a encore un autre aspect : quelle relation y a-t-il
entre nos idées sur le monde qui nous entoure et ce monde
lui-même ? Notre pensée est-elle en état de
connaître le monde réel ? Pouvons-nous dans nos
représentations et nos concepts du monde réel donner un
reflet fidèle de la réalité ? Cette question est
appelée en langage philosophique la question de
l’identité de la pensée et de l’être, et l’immense
majorité des philosophes y répondent d’une façon
affirmative.
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Mais il existe encore toute une série d’autres
philosophes qui contestent la possibilité de connaître
le monde ou du moins de le connaître à fond. Parmi les
modernes, Hume et Kant sont de ceux-là, et ils ont joué
un rôle tout à fait considérable dans le
développement de la philosophie. Pour réfuter cette
façon de voir, l’essentiel a déjà été
dit par Hegel [2], dans
la mesure où cela était possible du point de vue
idéaliste ; ce que Feuerbach y a ajouté du point de vue
matérialiste est plus spirituel que profond. La
réfutation la plus frappante de cette lubie
philosophique, comme d’ailleurs de toutes les autres, est
la pratique, notamment l’expérimentation et
l’industrie [3].
Si nous pouvons prouver la justesse de notre conception d’un
phénomène naturel en le créant nous-mêmes, en
le produisant à l’aide de ses conditions, et, qui plus est,
en le faisant servir à nos fins, c’en est fini de la
« chose en soi » insaisissable de Kant.
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etc.
https://www.marxists.org/francais/engels/works/1888/02/fe_18880221_2.htm