C’est ce qu’a largement démontré Spinoza (les formes de
connaissance adéquates ou inadéquates), et redémontré plus récemment par
le célèbre neurobiologiste Antonio Damasio : on sait aujourd’hui que Descartes avait tord sur le fonctionnement de l’âme humaine.
Le célèbre neurobiologiste Antonio Damasio l’a montré dans ses études et a publié le magnifique ouvrage « L’Erreur de Descartes - la raison des émotions » en 1995.
Quelques années après il enfonce le clou en publiant cette fois-ci « Spinoza avait raison : joie et tristesse, le cerveau des émotions ».
L’homme, n’est pas guidé par autre chose que le désir qui le fait tendre naturellement
vers ce qui lui parait bon pour lui. Il est donc, par là même, nécessairement confronté à une
infinité de causes extérieures qui vont tantôt empêcher son effort,
tantôt le permettre. Spinoza (Éthique IV, Prop. 4) renverse une conception
commune du désir selon laquelle l’homme appète une chose parce qu’il la
juge bonne : « ce qui fonde l’effort, le vouloir, l’appétit, le désir,
ce n’est pas qu’on ait jugé qu’une chose est bonne ; mais, au contraire,
on juge qu’une chose est bonne par cela même qu’on y tend par l’effort,
le vouloir, l’appétit, le désir. » (Éthique III, Prop. 9,
scolie).
Ce qui est premier chez Spinoza, et ce que n’a pas compris Descartes qui a souhaité élargir sa méthode, c’est l’idée et le désir, la
conscience, elle, n’apportant rien à l’appétit. La conscience ne sera
pas, comme chez Descartes, l’expression de la volonté infinie de
l’homme, mais une simple réflexion (pouvant être adéquate mais ne
l’étant pas le plus souvent) de l’idée sur elle-même. Le cartésianisme ne s’applique bien qu’aux sciences exactes. Point barre.
Pour aller un cran plus loin : le conatus
joue un rôle fondamental dans la théorie des affects chez Spinoza. Le
désir est l’un des trois affects primaires avec la joie et la tristesse.
Lorsque l’effort, ou appétit, sera un succès, l’individu passera à une
plus grande puissance, ou perfection, et sera dit affecté d’un sentiment
de joie ; au contraire, si son effort est empêché ou contrarié, il
passera d’une plus grande à une moindre perfection et sera dit affecté
d’un sentiment de tristesse. Toute la théorie spinoziste des affects
sera ainsi construite sur le principe d’un passage continuel d’une
moindre perfection à une plus grande, et vice versa, selon le succès ou l’échec du conatus (effort / élan), déterminé lui-même par ses rencontres (avec les modes finis extérieurs) et les affections du corps en résultant.
Pas étonnant que le monde ne soit pas géré de manière rationnelle...