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Commentaire de Christian Labrune

sur Il faut enterrer Descartes


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Christian Labrune Christian Labrune 3 juillet 2014 13:17

@L’enfoiré
Lire Descartes, c’est d’abord être capable de situer sa pensée dans le mouvement des idées de son temps. De ses travaux scientifiques, qu’il s’agisse de la physiologie humaine (l’âme siégeant dans la glande pinéale !) ou de la cosmologie (théorie des « tourbillons ») il y a fort longtemps qu’il ne reste rien qui puisse encore être pris au sérieux ; les gens qui travaillent sur ces questions aujourd’hui peuvent sans état d’âme faire l’économie de ces sortes de lectures.

La science en était alors à ses balbutiements, à ses premières hypothèses, mais les erreurs qui mènent à des impasses, une fois qu’elles sont reconnues et expliquées, contribuent à baliser le chemin qui mène à des vérités mieux établies. Au reste, les Méditations ou le Discours formulent déjà très clairement ce principe directeur.

Si on veut comprendre quelque chose à la pensée de Descartes, il faut lire et relire la conférence donnée par Husserl à la Sorbonne en 1929, intitulée « Méditations cartésiennes ». Quel dommage, dit Husserl, qu’en définissant l’homme comme une « chose qui pense » (res cogitans), Descartes soit passé si près de la notion d’intentionnalité, et se soit donc arrêté à faire de l’homme une substance. Sans cela, il aurait été l’inventeur de la phénoménologie.

C’est dans ce dernier courant de pensée, qui exclut aussi bien les arrière-mondes du platonisme que les dogmatismes au fond très idéalistes du positivisme matérialiste qu’il faut situer l’influence d’une oeuvre de Descartes que les philosophes n’ont assurément pas fini de lire et de relire.


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