Tout fait divers, même statistiquement sans signification, peut être l’occasion de se poser des questions.
On se souvient peut être de celui, popularisé par le film Amélie Poulain, de la touriste québecoise tuée par un suicidaire, tombant par hasard sur sa tête des tours de Notre Dame de Paris.
Ici, on en est pas loin.
Il n’est sans doute pas mauvais de rappeler que :
Il y a deux meurtres ou assassinats par jour en tendance en France.
Ce sont des chiffres historiquement faibles.... Jamais notre société n’a été aussi peu violente de ce point de vue. Nous avons un des taux d’homicide les plus bas du monde. Et si on donnait leur indépendance a la Corse et au Vaucluse, nous serions champion toute categorie....http://fr.wikipedia.org/wiki/Homicide#Statistiques_en_France
Sur les trente dernières années, il y a eu 4 meurtres d’enseignants....
Compte tenu du fait que c’est le corps constitué le plus important du pays, cela donne l’image de gens particulièrement épargnés par une violence particulièrement faible...Et c’est très bien ainsi.
Mieux, le rapport de l’INSEE sur la violence a l’école prouve que les instits sont encore mieux préservés. http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1506
Dans toutes les formes de violence, y compris verbale, ils sont moins touchés que l’ensemble de la population. Or ils sont en contact avec le public, ce qui n’est pas le cas de tous le monde. Dans les administrations, il y a 2 phénomènes divergents. On ne veut pas de vagues. Cela limite les déclarations d’insultes. Mais la procédure est bien rodée. Cela les surévalues par rapport aux autres professions. Tu es un commerçant insulté, il faut fermer boutique pour aller porter plainte. Tu es un prof insulté, tu le signale au directeur et cela a des chance de passer dans le tuyau statistique.
Bref, « je ne voudrai blesser personne ». Surtout a l’occasion d’un fait divers aussi dramatique, au moment ou tous le monde, et notamment l’auteur, est plongé dans le recueillement et la compassion, mais faire le lien entre cet événement, Sarkozy et l’État général de notre société et de notre école, n’est ce pas un peu, « quelque part », un comportement de charognard instrumentalisant un décès au profit de son propre agenda politique ? Je me garderait bien de répondre, bien sur, mais je crois que la question mérite d’être posée.
Il y aurait la « une vraie grande question sociétale ». Si les suicidaires pleuvent peu des tours de Notre Dame, on voit se multiplier ce genre de discours assez malsain. L’exploitation de taux de suicide inférieur a la moyenne chez France Telecom, la généralisation de stat. fausses sur les morts de sdf dans la rue ( les chiffres communiqués, comparés aux moyenne évoqueraient l’idée que les SDF meurt moins que le reste de la population...).
Ne conviendrait il pas de revenir a l’ordre des choses ancien face a la mort ? D’abord le silence, ensuite la réflexion a la fin éventuellement l’indignation, au lieu aujourd’hui de s’indigner d’abord, pour réfléchir ensuite et finir par se taire sans rien faire ?
Surtout, en matière d’école, tous cela nous rappelle douloureusement notre classement PISA. La façon dont les gens utilisent les chiffres n’importe comment est un vrai problème de société. Vrais ou faux, on nous assène sans arrêt des tas de chiffres ad hoc, sans aucune réflexion, aucun recul et aucun souci de cohérence.
Ainsi, les adeptes de l’enseignement de la théorie du genre a l’école nous expliquent qu’une femme sur 5 est victime dans sa vie de violence conjugale. Le principale risque pour une enseignante serait donc d’avoir un compagnon. Pas des élèves ou des parents d’élèves...La diminution de la violence aux profs. passerait alors par l’embauche exclusive de célibataires s’engageant a le rester... On pourrait aussi interdire aux touristes québecoises de se promener sous les tours de Notre Dame. Sans oublier de préciser que si il n’était pas au pouvoir a l’époque, on ne saurait a priori dédouaner Sarko.
Bref, ce fait divers montre peut être effectivement une vraie dégradation dans notre société. Pour le moment, il me semble, elle tient plus a des discours politiques recourant de plus en plus a l ’absurde, a l’irrationnel, a l’émotif, qu’a une montée de la violence. A moyen terme, ce n’est pas forcement rassurant...
Tous les chiffres dont nous disposons auraient tendance a aller dans le même sens.
Notre école, bien que très préservée, irait dans le même sens que le reste de la société. La parole défoulatoire serait de moins en moins bien tolérée.
Beaucoup de termes qui constituaient le « verbe haut », tombent potentiellement sous le coup de la loi. Et on progresse chaque jour. Il a 20 ans, dire « sale PD » dans une cours de recréation aurait été sans conséquence. Demain, parler de « quilles a la vanille » en maternelle pourrait entrainer des parents devant les tribunaux. Hier une présentatrice tele a du faire une autocritique maoïste parce qu’elle évoquait l’idée que les trisomiques présentaient rarement les caractéristique des mannequins.
Il faut bien voir que quand on interdit la parole, la violence intérieure peut finir par se traduire en actes. On le voit très bien par exemple avec les minorités sexuelles. Depuis que la moindre allusion est passible des tribunaux, on assisterait a une recrudescence sans précédent des actes violents. La volonté de contrôle social du langage, donc des consciences, de monopole de la violence verbale en réalité ( eux ne se privent pas de qualifier les autres violemment) que mettent en œuvre certaines catégories de notre population est peut être le facteur potentiellement le plus porteur de nouvelles violences a venir. Pour en finir sur l’école. Aujourd’hui, un prof, a tort ou a raison a le droit de dire qu’un gosse est nul. Un parent n’a pas le droit d’avoir une opinion sur un prof. Cela ne facilite pas les dialogues...