Les discours et les déclarations des
révolutionnaires de l’époque attribuent le « sang impur »
aux contre-révolutionnaires.
« C’est
au Dieu des armées que nous adressons nos vœux : notre désir
est d’abreuver
nos frontières du sang impur de l’hydre aristocrate
qui les infecte : la terreur est chez eux et la mort part de nos
mains. Citoyens ! nous serons vainqueurs. » Lettre écrite
par 45 volontaires
du 3e
bataillon de la Meurthe
à la municipalité de Lunéville,
le 10
août 1792.
Henri
Beaumont, Histoire
de Lunéville,
éditions E. Bastien, 1900, p.319.
Henry
Jean Poulet, Les volontaires de la Meurthe aux armées de la
Révolution, 1910, éditions Berger-Levrault et cie, p.251.
« Quel espoir peut rester
à l’empereur et au roi d’Espagne depuis que la justice nationale
a scellé la liberté française par le sang impur de ses tyrans ? »
Discours de Jacques
Nicolas Billaud-Varenne devant la
Convention
nationale, le 20 avril 1794.
Réimpression
de l’Ancien Moniteur : Convention Nationale , tome XX, 1861, p.266
« Nous
sommes ici à exterminer le restant des chouans, enfouis dans des
bois ; le
sang impur des prêtres et des aristocrates abreuvent donc nos
sillons dans les campagnes et ruisselle à grands flots sur les
échafauds dans nos cités.
Jugez quel spectacle est-ce pour un républicain animé, comme je le
suis, du plus pur amour du feu le plus sacré de là liberté et de
la patrie qui brûle dans mes veines. » Lettre de Cousin
à Robespierre,
à Cossé
le 27 nivôse an II (16 janvier 1794).
P.J.B
Buchez et P.C. Roux, Histoire
Parlementaire de la Révolution française, ou Journal des Assemblées
nationales depuis 1789 à 1815,
tome 35, 1837, p.400.
« Eh
bien, foutre, il n’en coûtera pas plus pour anéantir les traîtres
qui conspirent contre la République. La dernière heure de leur mort
va sonner ; quand
leur sang impur sera versé, les aboyeurs de l’aristocratie
rentreront dans leurs caves comme
au 10 août. » Jean-René
Herbert,
Le
Père Duchesne
P.J.B
Buchez et P.C. Roux, Histoire Parlementaire de la Révolution
française, ou Journal des Assemblées nationales depuis 1789 à
1815, tome 35, 1837, p.400.
« Par
toute la France le sang a coulé mais presque partout cela a été le
sang impur des ennemis de la Liberté, de la Nation et qui depuis
longtemps, s’engraissent
à leurs dépens. »
Napoléon
Bonaparte,
lettre écrite à son frère Joseph,
le 9
août 1789.
J.
Tulard,
Napoléon :
ou le mythe du sauveur,
Fayard, 1989.
La
version de l’Histoire que vous proposez est récente. Elle date des
années 2000 :
Dimitri Casali, L’histoire de France
interdite, 2012, : « La phrase « qu’un sang impur
abreuve nos sillons » est tout particulièrement déformée et
vidée de son contexte. Elle signifie, en vérité, que les soldats
de 1792 étaient fiers de verser leur propre sang pour leur patrie -
« leur sans impur », par opposition au sang bleu des
aristocrates, eux qui n’étaient pas nobles ».
Frédéric
Dufourg, La Marseillaise, Paris, Le Félin, 2008, 48.