Comment expliquer que des banlieusards mettent le feu à leur propres voitures, écoles ou gymnases ?
D’une part on note que les incendiaires ont bien compris une partie du dilemme puisqu’ils ont décidé de s’attaquer à des commerces. Dans le cas du concessionnaire automobile Renaud le symbole est même fort, puisque l’entreprise est allée chercher de la main d’oeuvre immigrée dans les années 70, l’a exploitée sans vergogne, et laisse ses enfants baver devant des modèles qu’ils ne pourront jamais se payer honnêtement ou sans sacrifices.
D’autre part, la révolte des jeunes est sans doute tournée pas seulement contre Sarkozy et l’Etat, mais aussi contre les générations qui leur ont légué une situation pourrie. Les jeunes générations entendent parler des trentes glorieuses. La télé leur assène chaque année des films de cette époques qui dépeignent une société (relativement) paisible et prospère. Aujourd’hui on n’a même plus ces acquis. Les masses laborieuses ont vécu sur les acquis dûs à la guerre froide, mais n’ont pas su les préserver. Les jeunes de banlieue se tournent vers ceux qui, à leur époque, n’ont pas su livrer bataille pour eux et ne leur ont même pas laissé un cadre politique pour les défendre (ou faire semblant).
Enfin, Sarkozy veut isoler les couches les plus démunies de ceux qui se trouvent juste au-dessus d’eux. Brûler des voitures c’est un message clair que si les banlieusards votent Sarkozy, ils en paieront le prix. C’est tellement simple de mettre le feu sans se faire prendre ! Les jeunes montrent ainsi que la méthode Sarkozy pour la paix sociale est une illusion. C’est triste d’en arriver là pour défendre sa cause, mais ce n’est pas totalement idiot.