Merci, Jean, pour cette contribution qui montre, s’il en était besoin, que les citoyens français contrairement au discours dominant sont pour les réformes.
Ta proposition va d’ailleurs dans le sens de notre Constitution, qui reconnaît à chaque citoyen le droit de demander à tout dépositaire des deniers publics de justifier de leur bon usage. Nous avions tous d’ailleurs été impressionnés il y a quelques mois par un ministre « de l’économie, ou du budget » qui se faisait payer un loyer de 14 000 Euros mensuel par la République, c’est-à-dire nous mêmes.
Mais il me semble que la réforme ne doit pas s’arrêter à la réduction des dépenses publiques inutiles. Déjà, l’examen de leur « inutilité » mériterait une grande attention : on en est aujourd’hui à soulager la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, et à financer des pompes anti-douleur dans les hôpitaux avec les « pièces jaunes ... »
Axer « LA REFORME » uniquement sur les dépenses publiques, c’est s’enfermer dans le discours du Fonds monétaire international qui diabolise tout ce qui est public - et préconise par exemple en Afrique de faire payer l’accès à l’école( lire Joseph Stiglitz, La grande désillusion) : ces recettes ont ruiné toutes les économies et déstabilisé gravement les sociétés auxquelles elles ont été appliquées. Mais les médias dominants les distillent si bien à l’unisson qu’il faut prendre garde de ne pas les intégrer sans y penser
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En ce qui concerne les gaspillages, pour ne prendre qu’un seul exemple, le secteur privé mérite, lui-aussi, LA REFORME :
- Information publiée dans Le Canard Enchaîné et Le Point de juillet et août 2005 : Le groupe Total a consacré ces quatre dernières années 18 (dix-huit) milliards d’Euros à racheter ses propres actions pour les détruire et faire ainsi monter le cours des actions restantes ... pour le plus grand bien des détenteurs de stocks options ( les petits actionnaires ne rammassent que des miettes d’une telle opération). Nous sommes là à une tout autre échelle de gaspillage que ce que tu évoquais.
- Depuis le siècle des Lumières - avec leurs clairs obscurs, certes, mais n’empêche - les réformes se sont toujours faites dans le sens d’un plus grand bonheur des citoyens - en-dehors des périodes de réaction, comme par exemple celle, extrême, du régime pro-nazi et raciste de Vichy sur lequel la Justice est passée, dernièrement encore avec l’affaire Papon.
- Depuis le début des années 1980, nous vivons une période de réaction.De ce fait, classiquement, réformer signifie dans ce contexte revenir en arrière et reprendre tous les acquis des progrès sociaux antérieurs.
- Heureusement (si l’on peut dire), ces recettes et cette idéologie, pour de multiples raisons (destruction de l’environnement, aggravation insupportable des inégalités sociales, épuisement de l’économie par la finance, etc) ne fonctionnent pas et l’Histoire reprendra son cours. Il reste à espérer que ce soit rapidement : voir le site de manicore sur le net.