Votre expérience est très intéressante, permettez-moi cependant de revenir sur certains de vos propos :
« Pour la préparation je pense qu’un prof est rôdé au bout de 5 ans, après il s’agit plus d’un travail de mise à jour que de conception pure de cours. »
Les programmes changent, les professeurs qui ont toujours les mêmes classes ne sont pas la majorité, et en français, je me vois mal étudier chaque année les mêmes ouvrages !
« 18 heures de cours ou de représentation pour moi sont loin d’être insurmontables (j’assimile un peu le prof à un artiste qui se produirait devant un auditoire. »
Sauf que l’auditoire ne vient pas de son plein gré, ce qui se ressent dans son attitude.
« La correction des copies ne me paraît pas non plus être une sinécure. »
C’est bien mon avis, mais si j’ai bien compris ce que vous dites, ce n’est pas le vôtre.
« J’ai vu des profs de math corriger un tas de copie en ¼ d’heure, et des profs de Français corriger des rédactions en deux heures. »
Dites donc, vous étiez dans un établissements de Lucky Luke du stylo rouge, parce que 30 s. par copie pour le prof de maths et 4 mn pour chaque rédaction... ! Et ils arrivaient à lire la copie, à corriger les erreurs et à noter des appréciations susceptibles de faire progresser les élèves ?
« Pour ce qui est des corrections d’examens, il me semble qu’elles sont rémunérées donc n’en parlons pas. »
Quelques euros nous sont en effet crédités 1 an après.
« Pour moi, être prof est avant tout une vocation, et à mon avis ceux qui se plaignent n’ont plus ou n’ont jamais eu la vocation. »
Mon article n’était pas une plainte, mais, agacée d’entendre dénigrer le travail des enseignants, je souhaitais rétablir certaines vérités. Je ne partage d’ailleurs pas votre avis : on peut tout à fait relever les dysfonctionnements de quelque chose que l’on aime !
« Je n’ai rencontré qu’une petite poignée de profs en adéquation avec les réalités, pour les autres ils étaient enfermés dans leur bulle et hermétique au monde de l’entreprise. »
Depuis quelques temps, je travaille en lycée professionnel hôtelier, et ne me sens donc pas très concernée par votre remarque, d’autant que j’ai travaillé dans différents domaines pour avoir la chance de suivre des études.
« Je pense qu’un prof s’il est intéressant, s’il captive son auditoire, s’il rattache son enseignement à des cas pratiques simples, n’aura aucun problème dans son cours. »
ça dépend de ce qu’on appelle un problème, mais ça dépend aussi des individualités : je ne pense pas que l’on puisse dire à la prof qui a été poignardée qu’elle aurait dû être plus intéressante !
« Dans chaque situation j’ai toujours trouvé, le petit truc, l’anecdote, qui a fait qu’ils m’ont écouté et appliqué ce que je leur ai enseigné. »
Vous êtes formidable !
« Je n’ai jamais été épuisé et j’ai toujours tiré une grande satisfaction de mon travail. »
Je dirais même plus : vous êtes un surhomme !
« Chaque métier à ses avantages et inconvénients en fonction de ses capacités individuelles. »
Je suis bien d’accord et nombreux sont les aspects de mon métier qui m’apportent satisfaction et épanouissement, à commencer par la transmission de ce que j’aime à des plus jeunes.
« ceux qui se plaignent devraient changer de métier ou arrêter de se plaindre. »
Pour la deuxième fois, pas d’accord : comme partout, c’est grâce à ceux qui pointent ce qui ne va pas que l’on peut améliorer les choses.
« A propos des profs, non vous n’êtes pas les plus malheureux »
Certes.
« oui vous pourriez améliorer votre situation, alors faites-le. »
Il me semble que la plupart font tout ce qu’ils peuvent pour améliorer la situation, mais ce n’est pas si simple.
« Les initiatives locales améliorant votre situation devraient être capitalisées et diffusées largement afin que chaque enseignant puisse les essayer, se les approprier et ensuite les adopter à la condition express qu’un prof accepte cette idée qu’une fois qu’il a obtenu son diplôme tout n’est pas gravé dans le marbre et que d’autres ont peut-être eu une idée intéressante. »
Tout à fait d’accord (et les stages annuels ne sont pas suffisants).
« En conclusion acceptez de vous remettre en cause, ne vous arqueboutez plus sur vos savoirs à un instant donné »
C’est une vision archaïque des enseignants : aujourd’hui, les critiques (cf Brighelli) portent davantage sur le fait que les savoirs extérieurs sont trop présents au sein de la classe (c’est en ce sens que l’on est formé à l’IUFM, lisez Meirieu !)
« et vos petits privilèges. »
je sens là un certain mépris, me trompè-je ?
« Pensez que d’autres ont la possibilité de vous apprendre des choses. Mais cela est très difficile car toute la journée vous avez le statut d’une personne de savoir, donc je pense que si vous êtes orgueilleux au point de ne pas prendre en compte les remarques, c’est uniquement une conséquence de votre métier. »
C’est assez caricatural, mais certains correspondent en effet à ce portrait. Cela dit, il y a loin de la théorie à la pratique, et les conseils extérieurs peuvent parfois faire sourire ceux qui sont confrontés à la réalité. Les professionnels (pourtant passionnants) qui viennent parler de leur travail à nos élèves de 3è en ont fait la cruelle expérience.