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Commentaire de Christian Labrune

sur Gaza c'est fini ! Il n'y aura plus de prochaine fois…


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Christian Labrune Christian Labrune 8 août 2014 11:00

Je recopie ci-dessous un texte que j’avais envoyé le merdredi 6 aoüt au Médiateur de France culture immédiatement après une émission de la matinée particulièrement malhonnête et scandaleuse. Il y a déjà deux jours qu’on peut voter ici pour ou contre ce texte dans l’espace de « modération ». Je sais par expérience qu’il ne sera pas publié. Etant donné qu’il s’agissait d’une réaction à une actualité toute fraîche, publier ça une semaine plus tard, de toute façon, cela n’aurait aucun sens.

Mercredi 6 août 2014

A l’intention de Monsieur le Médiateur de France culture

Lettre ouverte, que je me propose de publier sur Internet.

Votre radio, que j’écoute quotidiennement depuis la fin des années 60 n’aura guère brillé ces dernières semaines par sa manière d’informer sur le conflit Hamas/Israël. Dès le début du conflit, avant le 10 juillet, je me souviens très clairement d’une présentation des choses déjà aberrante dans un des premiers bulletins d’information de la matinée : Israël commençait à réagir par des frappes aériennes MAIS le Hamas n’était pas décidé à céder et continuait ses lancements de missiles. Il aurait évidemment mieux valu dire, c’eût été plus conforme à la vérité chronologique des faits, que le Hamas continuait ses envois de missiles (il y en aurait plus de 3000 !) MAIS qu’Israël commençait à réagir.

Les bulletins matinaux, par la suite, ont tous été aussi lamentables. J’ai fini par préférer tourner le bouton et m’informer ailleurs.


Le comble de l’ignominie -je pèse mes mots – est atteint ce matin. On fait intervenir Rony Brauman, antisioniste enragé qui viendrait de faire paraître dans Le Monde un article incendiaire contre Israël (que je n’ai pas encore lu), et on le fait parler seul, comme si son discours devait être considéré comme parole d’évangile. Après qu’on a systématiquement et, pendant plus de trois semaines, présenté la riposte israélienne comme une agression, le bonhomme peut à bon droit considérer que le pilonnage idéologique aura suffisamment porté et que la haine d’Israël qu’il se propose d’aiguiser encore un peu plus sera déjà suffisamment partagée par tous les auditeurs. De temps à autre, on insèrera dans cette émission de pure propagande des analyses de journalistes qui ont à dire ce qu’ils savent mais ne peuvent pas entrer dans la discussion. L’un, par exemple, explique que le Hamas est complètement isolé, que la plupart des états arabes se frottent les mains à l’idée que l’organisation terroriste puisse être à bout de course. Ils devraient pourtant avoir leurs raisons, non ? Et François Hollande ou Emmanuel Valls – que par ailleurs je n’apprécie guère – , présentés par Brauman comme des suppôts du diable israélien devaient avoir aussi les leurs, pour s’être montrés, du moins au début, si solidaires de l’état d’Israël. Mais cette prétendue singularité, qui mériterait d’être élucidée, par rapport à une détestation faussement présentée comme universelle par Brauman ne sera évidemment jamais interrogée.

Le plus comique (mais on n’a guère envie de rire !), c’est lorsqu’il est question de la manière dont les Israéliens perçoivent le conflit. Le présentateur de l’émission, qui a choisi de servir la soupe à Brauman, avance complaisamment que 70% des Israéliens jugent aujourd’hui sévèrement la politique de Netanyahou. Non, répond l’autre, un peu gêné, ce n’est pas du tout ça. Et de fait, c’est beaucoup plus de 70% des Israéliens qui approuvent une riposte militaire voulue non seulement par le Likoud mais aussi par les Travaillistes et tous les partis du centre gauche.


La plupart des media se sont hypocritement émus des émeutes antisémites à Barbès ou à Sarcelles, lesquelles n’étaient pas sans rappeler certaine nuit de cristal de novembre 38. Mais les informations partielles, partiales et mensongères de France culture et d’une grande partie de la presse, de fait, auront bel et bien travaillé à susciter ces exactions, auront donné abondamment du grain à moudre à ces bandes d’irresponsables manipulés par les mouvances fascisantes du soralisme ou de l’islamo-fascisme.

L’ONU ne fait rien, est complètement impuissante, dit encore le présentateur, épousant l’humanitarisme bêlant de Brauman. Il est aussitôt démenti par l’intervention d’un autre journaliste expliquant que quelque chose « s’est cassé » ces derniers jours entre l’ONU et Israël. Lequel rappelle encore une fois que les états arabes n’ont jamais pesé dans le sens d’une condamnation d’Israël au Conseil de Sécurité, pas même la Jordanie : il y a désormais « une grande gêne des pays arabes vis-à-vis du Hamas ».

Le comble de l’abjection, c’est lorsque Brauman explique qu’il faudrait cesser de considérer le Hamas comme une organisation terroriste. Il ne serait pas plus terroriste que le Likoud et les partis de la coalition, lesquels recourent aussi à la violence. Comme s’il était possible de comparer un état qui protège ses citoyens à une organisation islamo-fasciste qui, pour parvenir à ses fins en agissant sur une opinion internationale sensible à l’horreur des images et intellectuellement décérébrée, met délibérément en danger la population dont elle devrait assurer la sécurité. Le sophisme grotesque passera sans la moindre esquisse d’un commencement de critique.

« Vous étiez partisan du droit d’ingérence », dit le présentateur de l’émission, qui paraît décidément n’être bien informé de rien. Non, pas du tout, répond en substance Brauman, qui se lance pour finir dans la défense d’un boycott des produits israéliens sévèrement condamné par ailleurs, et à juste titre, par la justice française.

Bref, une émission de propagande antisémite grossière et mensongère, absolument scandaleuse sur une chaîne d’information du service public.

On pourrait opposer cela à une récente intervention de Gilles Kepel sur France 24. Lui a parfaitement vu que le conflit Hamas/Israël n’est pas un conflit local, qu’il s’inscrit dans la progression d’un islamisme radical qui menace de s’étendre du Sahel jusqu’au nouveau Califat. Ce type de questionnement découlait implicitement de plusieurs interventions malheureusement illustratives et hors-débat qui, au cours de cette émission, auront souligné l’isolement du Hamas. Un tel questionnement, des plus urgents, s’est trouvé complètement écrasé par cette répugnante propagande en faveur d’une organisation criminelle dont les activités crapuleuse ne sont plus ignorées que par les organisateurs patentés de la cécité collective. Tout cela est parfaitement méprisable.

Christian Labrune



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