• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de vlane

sur Gaza c'est fini ! Il n'y aura plus de prochaine fois…


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

vlane vlane 8 août 2014 13:34

paris match à Gaza « la maison de l’horreur »


« ...Des crimes de guerres ont été commis contre une population sans défense », ajoute un chauffeur de taxi assis devant sa maison détruite. Son taxi jaune est enseveli sous les décombres. « Vous en voulez la preuve ? Il y en a partout mais allez au bout du village. Vous y trouverez une des rares maisons intactes. On l’appelle « la maison de l’horreur » ». Après quelques minutes de marche, je m’enfonce dans une petite ruelle. Elle mène vers le domicile d’un médecin proche du Fatah -l’organisation rivale du Hamas- qui a fui. En apparence, vu de l’extérieur, rien ne trahit ce que je vais découvrir. 

Moaz, 24 ans monte la garde devant une bâtisse aux murs en béton gris, entourée de verdure. Le propriétaire lui a confié les clés. Lorsque la porte en fer forgé s’ouvre, immédiatement une odeur terrible de mort me prend à la gorge. Les chambres sont en désordre mais intactes. C’est au bout d’un couloir que l’on découvre ce qui devait être une salle d’eau. Cinq mètres carrés à peine. La pièce de l’horreur à l’état brut. Des murs truffés d’impacts, maculés de sang. A terre, les restes noirâtres en état de décomposition avancée des corps de sept jeunes Palestiniens retenus prisonniers pendant deux jours, alors que l’offensive battait son plein, avant d’être froidement exécutés. Tous les témoignages que je vais recueillir pendant plusieurs heures concordent. Et confirment l’insoutenable vision. 

Moaz, qui était l’ami des victimes livre un récit aussi méticuleux que possible : « Au début, mes amis, dont 6 appartenaient à la famille Al Najjar, la plus importante du village, ont tenté de se cacher au mieux alors que les bombardements étaient intenses et que 3000 personnes environ n’avaient pas réussi à fuir avant que le village soit totalement bouclé. Ils voulaient rester ensemble, solidaires. Un jour, je ne me souviens plus lequel, ils ont décidé de tenter de fuir à travers les ruelles du village, évitant la route principale où les chars israéliens avaient pris position. Mais ils sont tombés sur une patrouille israélienne. De sa fenêtre, un vieil homme a vu le premier châtiment. Une balle dans le genou pour chacun d’entre eux ». Les sept Palestiniens capturés sont alors ramenés dans la maison dont ils ne sortiront pas vivants. 

Un autre voisin raconte qu’il entendait des cris affreux. « Comme ceux de gens que l’on torture. » Mais personne ne pouvait rien faire. Deux jours plus tard, soudain, le même voisin entend des rafales claquer. « J’ai compris tout de suite que c’était la fin, une fin atroce pour des jeunes qui n’avaient rien à se reprocher, et j’ai pleuré », bredouille-t-il, hanté par le souvenir. Retour dans la maison de l’horreur. Tout concorde. L’image des traces de sang, les murs déchirés par les balles… Des douilles de fusil d’assaut au sol. Et le magma de chair décomposée… 

Hier, raconte Moaz, « un des parents de mes amis assassinés est venu brièvement voir. Il a fondu en larmes et s’en est allé précipitamment ». Il faudra attendre la première trêve humanitaire pour que les cadavres soient extraits de la maison et enterrés à la hâte tous ensemble. Les familles veulent alors se rendre dans le cimetière le plus proche, mais il a été ravagé par les chars israéliens. « Un sacrilège, murmure sur place un homme en train de creuser une nouvelle tombe. Regardez par vous même ». De fait, le cimetière a été bombardé, avant que des chars ne le traversent pour prendre position dans le village. La terre est complètement retournée. En se penchant sur un caveau défoncé, on distingue des squelettes, des crânes, des ossements. « Ce n’est pas un crime infâme, ça ? », hurle le gardien du cimetière.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès