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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Empathie, conscience morale et psychopathie – Une nouvelle conscience pour un monde en crise (partie 3/3)


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Philippe VERGNES 24 août 2014 11:52

Bonjour Tall,

En sujet de fond de ton développement (auquel j’adhère, mais j’ignore au moment où je rédige ce début de réponse si j’aurais le temps d’en commenter tous les points) il y a un éléments extrêmement important qui est celui de la communication et du sens des mots. Sens des mots qui de plus fluctue au gré du contexte et de la subjectivité des personnes, car certains mots possèdent une dimension affective que d’autres non pas et personne n’a le même ressenti d’un mot employé.

A ce sujet, il convient de préciser que notre structure du langage ne convient absolument plus pour décrire la complexité du monde environnant. Pire encore, comme le monde extérieur c’est considérablement compliqué, notre structure du langage, comble de l’ironie, ne remplit plus la fonction première de la communication qui est la compréhension. Autrement dit, cette structure est devenue « conflictogène », alors que le langage est censé rapprocher les gens, non pas les diviser.

Sur la structure du langage, je te colle un lien qui t’expliquera cela beaucoup mieux que moi, il explique notamment pourquoi relativiser le sens des mots proprement dit tout en privilégient plutôt au contexte de l’information. Je pense que si tu lis ça, tu feras beaucoup de découvertes qui expliquent la confusion (mondiale aujourd’hui) qu’a instauré la structure de langage que nous avons établie au début de notre civilisation : Les différentes étapes de l’occident, trois visions de l’homme et du monde.

Pour changer ma subjectivité (la restructurer en intégrant ces concepts) vis-à-vis de ces nouveaux préceptes (décrits dans l’article en lien), j’ai bien mis trois ans, mais avec une progression rapide au tout début. Par ailleurs, assisté par quelqu’un qui connait les principes, ce changement peut être beaucoup plus rapide (j’suis pas trop doué non plus ).

Ceci dit, l’aspect qualitatif est bien celui pris en compte pour distinguer le normal du pathologique. Dès lors, où placer le curseur ???

Mais avant de répondre à cela, il faut argumenter pour savoir si oui ou non il faut mettre un curseur, car si l’on suit ton raisonnement, tu serais plutôt pour qu’il n’y ait pas de curseur du tout. Par contre, le curseur n’est absolument pas à placer vis-à-vis de la qualité de l’intelligence d’un individus, mais plutôt de la souffrance qu’il éprouve et de celle qu’il fait subir à autrui.

Le problème : on ne mesure pas la souffrance !

Il faut donc trouver un moyen de contourner ce problème et s’interroger sur ce qui fait souffrir. Avec cette piste, on a matière à travailler. Ce qui fait souffrir (soi ou autrui), ce sont bien souvent les décisions que nous prenons. En jugeant de la qualité des décisions, on a contourner le problème. Les bonnes décisions seront celles qui nous rendent heureux (et/ou notre entourage), les mauvaises malheureux (idem). Je m’arrête là pour la schématisation du principe, car je te laisse imaginer les implications que cela peut avoir.

Ayant contourné le problème de la souffrance, par l’intermédiaire des décisions que nous prenons (qui se traduisent ensuite en actes), il faut déterminer à quelle place nous positionnons le curseur. C’est-à-dire que sur la quantité de décisions que nous prenons quotidiennement, quel droit à l’erreur avons-nous ? Une chance sur deux (une occasion sur deux, soi 50 % de se tromper) ? Deux chances sur trois (66 %) ? Trois chances sur quatre (75 %) ? Ou bien quatre chance sur cinq (80 %)

Juste pour le fun : dans ces conditions, quelle serait ton estimation ???

Sur le fait que toute la population est concernée par la perversion narcissique : bah oui...

RACAMIER disait à ce sujet : « une pensée s’exerçant à tarir le courant de la pensée : [...] rien de plus difficile à comprendre ; et pourtant rien de plus important à connaître dans les rouages des familles, des institutions, des groupes et même des sociétés. »

Il disait aussi qu’un brin de perversion narcissique était indispensable à chacun de nous pour assurer sa survie sociale.

"Mais peu importe les détails, le fait est qu’on retrouve finalement dans ces définitions : de la subjectivité classique avec manipulation de l’autre pour évacuer/soulager ses problèmes. Ce qui est très banal finalement. Et alors à ce train-là, ce sont les non-« malades » qui deviendront des cas exceptionnels. Ils pourront demander une médaille !« 

Bhein oui... C’est même déjà le cas :  »ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade«  [Krishnamurti] Or, l’archétype de l’individu le mieux adapté à notre société est le pervers narcissique.

J’ignore ce que tu penses de notre société, mais moi je trouve qu’elle marche vraiment sur la tête.

Je vais te faire un aveux, »techniquement« parlant, nous naissons avec une certaine forme de psychopathies. La principale caractéristique des psychopathies est la dissociation structurelle de la personnalité (j’ai écris deux long articles sur le sujet). C’est un peu comme si le cerveau droit disait merde au cerveau gauche ou que le cerveau des émotions emmerdait le cerveau rationnel. En fait, dans les cas le plus complexe, c’est un peu des deux. Petite anecdote, les systémiciens (TCC) prétendent que la division (du cerveau) est droite/gauche alors que les psychanalystes affirment qu’elle est émotion/raison. Tu vois un peu les querelles de clochers où cela peut conduire.

Sur le vocable maladie ou pathologie, je comprends parfaitement, mais on en connait pas d’autre. Or, comment nommer ce qui fait souffrir, car c’est une absolue nécessité si on veut mettre un terme à cette souffrance ???

Si tu lis l’article en lien ci-dessus, tu comprendra que le mot malade ou pathologie n’est qu’une carte qui sers à explorer un certain territoire, un outil symbolique qui aussi perfectible soit-il, n’en est pas moins utile. Perso, je ne vois aucun inconvénient à utiliser une autre carte pour naviguer dans ce territoire, mais j’en connais pas d’autre.

Par ailleurs, autre truc essentiel à connaître, c’est que l’être humain est un animal »sensé". Non pas qu’il soit naturellement doté de raison, mais au sens étymologique du terme sensé qui signifiait : éprouvé des sensation, des sentiments. En quelque sorte, l’homme est un producteur de sens.

Annule cette fonction primordiale de signifiance et tu deviens fou ou tu rends fou les autres.


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