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Commentaire de Christian Labrune

sur 11 septembre : 13 ans après, les américains n'ont toujours rien compris


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Christian Labrune Christian Labrune 13 septembre 2014 23:56

A l’auteur,
A voir le titre, je craignais de tomber encore sur un article conspirationniste ! Mais non, et la description que vous faites d’une longue série d’erreurs stratégiques est tout à fait juste. Cela dit, la question de savoir si ces erreurs étaient évitables est au fond, les choses étant ce qu’elles sont désormais, d’un intérêt mineur. L’histoire, depuis son début, n’aura été qu’une suite d’erreurs et chaque nouvelle génération est condamnée à essayer, tant bien que mal, de corriger celles des précédentes.
L’actuelle coalition contre l’EI était inévitable, elle n’aura même que trop tardé. Beaucoup de choses vont changer au Moyen-Orient. Le pire sera probablement évité, mais il faudrait être bien naïf pour croire qu’il en résultera une paix définitive et bien malin aussi pour être à même de prévoir les conséquences négatives de ces réajustements.
J’évoquais en commençant les thèses conspirationnistes. Votre article a le mérite de faire bien voir, même si tel n’est pas son objectif, à quel point elles sont ridicules : il n’y aura jamais eu, à l’origine de tant de catastrophes, un plan d’ensemble concerté dans une intention malfaisante et perverse. C’est que les politiques prévoient rarement au-delà de leur mandat ; ils se contentent le plus souvent d’expédier les affaires courantes en recourant, sans faire preuve de beaucoup d’imagination et pour répondre à des intérêts immédiats, aux expédients les plus ordinaires.
La politique interventionniste de Bush aura été calamiteuse en Irak ; pour éviter de semblables dérives, Obama se sera consciencieusement appliqué, depuis le début de son premier mandat, à ne rien entreprendre sur la scène internationale. Or, c’est ce même retrait de l’Amérique, et depuis déjà tant d’années, qui aura permis l’installation d’un chaos pire encore que le précédent. Des intentions à leur réalisation, la distance est souvent bien grande.

Il me semble que vous avez tout à fait raison de refuser de distinguer entre différentes variétés d’islam. Rien n’est plus conforme aux lectures que j’ai pu faire du Coran que les exactions de l’Etat islamique. La question est de savoir si, confrontés à de pareilles horreurs, les musulmans qui vivent dans des pays développés et démocratique vont pouvoir continuer longtemps à se réclamer d’une religion dont ils ont désormais sous les yeux la logique terrifiante poussée jusqu’à ses dernières conséquences. Les guerres de religion en Europe, et surtout les massacres qui ont suivi la Saint-Barthélémy de l’an 1572, n’ont pas peu contribué au développement du scepticisme religieux au siècle suivant, puis au développement de la philosophie des Lumières. Le christianisme, dans sa version médiévale, en est mort. Les « chrétiens » actuels, pour parler comme Marcel Gauchet, sont désormais bel et bien « sortis du religieux ». Il est possible qu’on assiste, avec le nouveau Califat et son cortège d’exactions monstrueuses, aux dernières convulsions d’un islam à l’agonie qui rejoindra les autres religions déjà mortes au grand conservatoire des traditions populaires du passé.
Vous dites à la fin qu’il faudrait songer à « prendre le taureau par les cornes », mais sans trop préciser. Faudrait-il faire subir au Qatar et à tous les royaumes ou émirats propagateurs du wahhabisme, le sort que Caton l’ancien prévoyait pour les ennemis de Rome lorsqu’il s’exclamait au milieu du sénat « Delenda est Carthago ! ». Raser Doha ?


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