" Détachement par rapport à ses propres possessions, mais aussi détachement par rapport à soi-même, à toutes les composantes de leur personnalité qu’ils imaginent constitutives de leur être (goûts, opinions, désirs). Il me semble que ce programme n’est pas très éloigné de celui de Jésus, qui recommandait d’haïr son âme, et d’abandonner tous ses biens.«
Rounga,
Quand on lit les grands mystiques de la théologie négative comme Jean de la Croix ou Thérèse d’Avila, on voit bien effectivement quelque chose qui ressemble à ce détachement ; on essaie de faire abstraction de l’ego. »Le moi est haïssable« , dira encore Pascal. Il faut donc accepter de souffrir dans cette vie, y compris dans la déréliction de la »nuit obscure« , sans lorgner sur le bénéfice qui en résultera dans l’autre monde. Ce sera encore l’objectif du quiétisme à la fin du XVIIe siècle, mais l’amie de Fénelon, Madame Guyon, sera sévèrement condamnée par Bossuet et elle passera même huit ans à l’ombre ! On trouve également chez les penseurs d’inspiration janséniste une mise en question de ce que Camus appellera la »sale espérance« , l’espérance d’un salut personnel. La Rochefoucauld, penseur sceptique très proche de ces milieux jansénistes, considère que partout où l’intérêt peut être décelé, la vertu disparaît. Le chrétien qui lorgne sur son salut ne saurait donc ipso facto le mériter. Même logique à l’oeuvre dans la scène du pauvre du Dom Juan de Molière. Pour des individus qui sont animés par cette sorte de morale très aristocratique, la religion chrétienne devient quelque chose de torturant voire d’impossible. D’où le combat inlassable des jésuites qui tiennent, pour rassurer le bon peuple, à lui faire croire au salut par les oeuvres : conduis-toi chrétiennement, et tu entreras à coup sûr en paradis. Les historiens attribuent aux curés jansénistes qui considèrent, tout comme les protestants, que le salut ne peut venir que d’une grâce attribuée par prédestination, la désertification des églises au siècle des lumières : une religion aussi désespérante ne peut pas convenir à des pauvres bougres tout à fait incultes et qui pensent en termes de rétribution. Le succès actuel du fanatisme islamiste vient de ce qu’il ne va pas chercher midi à quatorze heures : celui qui se soumet entièrement à Allah et observe scrupuleusement ses commandements gagne à coup sûr son ticket pour les jardins fleuris où coulent mille ruisseaux. Le soufisme est un peu plus subtil, mais il demeure tout à fait minoritaire.
Le chrétien actuel est bien loin de ces hautes spéculations métaphysiques. Ce qu’il recherche, c’est son bonheur dans ce monde. La croyance chrétienne ordinaire est en cela des plus confortables. Il n’est pas certain qu’il existe un paradis, pense notre chrétien moderne, mais qu’est-ce qu’on risque à le croire ? C’est tout de même un plus, non ? Peut-être qu’il y aurait à y gagner (pari de Pascal !). Si, par dessus le marché, la méditation (je n’ai jamais su ce que c’est que la méditation ! Le vide mental, probablement) de style bouddhique ou le yoga peuvent lui faire oublier le stress de la vie moderne, c’est autant de pris. On consommera donc de la »spiritualité" parce que ça vaut tout de même mieux que les tranquillisants. Inutile de se poser d’autres questions.
Dans les religions de l’extrême orient, le non-être est infiniment préférable à une vie éternelle de toute façon impensable. Beaucoup de lecteurs de la Divine Comédie fascinés par l’Enfer avouent que le livre leur est tombé des mains dès le milieu du Purgatoire : ensuite, c’est terriblement ennuyeux pour qui ne maîtrise guère les arguties théologiques de l’époque !
Cette différence entre le bouddhisme et les religions du Livre est tout à fait radicale et les rend à tout jamais inconciliables, particulièrement sur la question du fanatisme si importante par les temps qui courent. Exterminer son semblable, comme Abraham levant le couteau sur son propre fils innocent, si un dieu le commande, c’est la porte ouverte vers le bonheur éternel. Rien de tel évidemment dans le bouddhisme.
04/10 18:26 - Xenozoid
04/10 18:19 - Baasiste 2
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04/10 17:08 - Baasiste 2
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03/10 17:26 - Baasiste 2
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03/10 16:59 - epicure
@Par Zip_N (---.---.---.22) 2 octobre 10:55 Tu as mal lu ce que je disais. Ressentir (...)
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