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Commentaire de Valas

sur Comment et pourquoi les États-Unis ont créé l'État islamique…


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Valas Valas 23 septembre 2014 16:40

Pif, le site Slate n’est pas un livre d’histoire !

La bombe atomique et la capitulation du Japon


Un B-29

Peu avant Noël 1944, les services de renseignement américains ont reçu le rapport d’un agent diplomatique bien informé vivant au Japon et disant qu’un parti pacifiste était en train d’apparaître et de gagner du terrain. Cet agent annonçait que le gouvernement du général Koiso
- successeur, depuis juillet 1944, du gouvernement du général Tojo qui avait entraîné le Japon dans la guerre- serait bientôt remplacé par un gouvernement pacifiste présidé par l’amiral Suzuki, qui prendrait l’initiative de négociations avec l’appui de l’empereur. Cette prédiction s’est réalisée en avril 1945.

Danshaku Suzuki Kantarō


Déjà en février 1945, à l’initiative de l’empereur Hirohito, des démarches avaient été entreprises, auprès de l’Union soviétique, lui demandant, comme « neutre », de tenir un rôle d’intermédiaire pour conclure la paix entre le Japon et les alliés occidentaux. Ces démarches ont d’abord été menées par les soins de l’ambassadeur soviétique à Tokyo, puis par ceux de l’ambassadeur japonais à Moscou. Mais rien n’en est sorti. Les Soviétiques n’avaient pas soufflé mot de ces démarches à leurs alliés.

Ce mois-là, à la conférence de Yalta, où se sont réunis Winston Churchill, Joseph Staline et Franklin Roosevelt, le Soviétique s’était engagé à entrer en guerre contre le Japon, à condition d’obtenir les îles Kouriles, toute l’île de Sakhaline, et une position prédominante en Mandchourie.

Winston Churchill, Franklin Roosevelt et Joseph Staline à la conférence de Yalta, en Union soviétique

A la fin mai 1945, Harry Hopkins, envoyé personnel du président Truman, s’est rendu à Moscou pour s’entretenir de l’avenir avec Joseph Staline. Ce dernier a abordé la question du Japon. Il a informé Harry Hopkins que les armées soviétiques d’Extrême-Orient se déploieraient le 8 août pour attaquer les Japonais sur le front de Mandchourie.

Harry Hopkins

Joseph Staline a poursuivi en disant que si les alliés persistaient dans leur exigence de « capitulation sans condition », les Japonais se battraient à mort jusqu’au bout, alors qu’en atténuant cette exigence les alliés encourageraient les Japonais à se rendre, et qu’ils pourraient alors imposer leur volonté et obtenir des résultats sensiblement identiques. Il a souligné que l’Union soviétique entendait prendre une part effective à l’occupation du Japon.

C’est au cours de cette conversation que Joseph Staline a révélé que « certains éléments japonais » étaient en train de « tâter le terrain en vue d’une paix éventuelle ». Mais il n’a pas précisé qu’il s’agissait d’initiatives officielles par l’intermédiaire des ambassadeurs.

Le 1er avril 1945, les Américains ont débarqué sur Okinawa. Le choc de cette nouvelle, associé à une note soviétique inquiétante annonçant la fin du pacte de neutralité soviéto-japonais, a précipité la chute du cabinet Koiso, le 5 avril 1945. L’amiral Suzuki est alors devenu premier ministre.

Le dilemme de l’amiral Suzuki

Bien avant la fin des combats sur Okinawa, le résultat ne faisait aucun doute. Il était également évident qu’une fois l’île conquise les Américains pourraient rapidement intensifier leurs bombardements aériens sur le Japon proprement dit, puisque les aérodromes d’Okinawa étaient situés à moins de 650 kilomètres du Japon -soit à peine le quart de la distance séparant le Japon des îles Mariannes.

Le caractère désespéré de la situation était évident pour l’amiral Suzuki, dont les opinions pacifistes avaient amené les extrémistes militaires à le menacer de mort dès 1936. Mais bien que les chefs du parti de la paix soient désormais majoritaires dans le gouvernement, ils étaient très embarrassés quant à la procédure à suivre. Aussi impatients qu’ils pouvaient être de conclure la paix, l’acceptation de l’exigence alliée d’une « capitulation sans condition » apparaîtrait comme une trahison des combattants résolument décidés à se battre jusqu’à la mort. Ces forces, qui tenaient encore entre leurs mains la vie de milliers de prisonniers civils et militaires alliés à demi-affamés, pouvaient refuser d’obéir à un ordre de cessez-le-feu si elles en jugeaient les conditions trop humiliantes. Et surtout s’il était question d’exiger le départ de l’empereur qui, à leurs yeux, n’était pas seulement le souverain mais un Dieu.

L’empereur Hirohito

C’est l’empereur Hirohito qui a pris l’initiative de trancher ce dilemme. Le 20 juin 1945, il a convoqué en conférence les six membres du cabinet restreint, formant le Conseil directeur suprême de la guerre, et il leur a déclaré : « Veuillez examiner les moyens de mettre un terme à la guerre dès que possible. » Les six membres du Conseil étaient tous d’accord sur ce point. Mais, alors que le premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Marine étaient prêts à capituler sans condition, les trois autres -le ministre de la Guerre, et les chefs d’état-major de l’armée et de la Marine- étaient en faveur de la poursuite de la résistance jusqu’à ce que des conditions moins draconiennes puissent être obtenues. Il a finalement été décidé d’envoyer le prince Konoye en mission à Moscou pour négocier en vue de la paix. En privé, l’empereur lui a donné des instructions pour qu’il ramène la paix à n’importe quel prix.

http://www.interet-general.info/spip.php?article197


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