• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Christian Labrune

sur Comment et pourquoi les États-Unis ont créé l'État islamique…


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Christian Labrune Christian Labrune 23 septembre 2014 17:13

Que les Etats-Unis aient pu contribuer par une succession d’erreurs qui commencent avec l’Afghanistan à favoriser l’émergence de Daech, c’est un fait, encore que ce ne soit évidemment pas la seule cause : le monde n’est pas simple à ce point. On peut donc essayer d’esquisser des réponses à la question « comment ? ». Encore faut-il être prudent : quand les historiens tentent d’expliquer l’enchaînement des causes qui ont produit tel ou tel conflit, ils ne se font jamais trop d’illusions sur le caractère fatalement réducteur et contestable de leurs explications.
En revanche, la question « Pourquoi ? » relève soit de la métaphysique soit de la pathologie mentale. C’est dire qu’on tombe directement dans le conspirationnisme. Les Américains n’ont évidemment jamais voulu ni prévu la situation actuelle.
S’il s’était agi pour eux d’organiser le chaos au Moyen-Orient (thèse ordinaire du conspirationnisme qui voit, après Khomeni, dans l’Amérique, le « grand Satan ») il aurait suffi à Obama de continuer la politique interventionniste plutôt calamiteuse inspirée à Bush par les néo-conservateurs. Or, il a pris le chemin inverse. Il s’est même opiniâtré à vouloir retirer de l’Irak toute présence américaine, contrairement à l’avis des militaires qui prévoyaient déjà quelles en seraient les conséquences. Et au lieu de réagir immédiatement aux exactions des jihadistes dans la région, il a tergiversé, il leur a permis d’occuper le terrain et d’obliger les Kurdes à reculer.
La politique américaine, plus que toute autre dans le monde actuel, est une politique hésitante, sans colonne vertébrale. Ils agissent, mais c’est en expédiant les affaire courantes, et sans trop jamais savoir pourquoi, sans prévoir non plus les conséquences. Au Caire ou à Paris, dans le conflit Hamas/Israël, le pauvre Kerry se sera constamment « planté ».
Il est infiniment plus facile de connaître les INTENTIONS de systèmes autoritaires que celles des démocraties condamnées à louvoyer entre des écueils. On sait à peu près ce que sont les intentions d’un Poutine : recréer l’ancienne Union démolie par Gorbatchev. On sait ce que sont les intentions de l’Iran : devenir une puissance nucléaire pour s’imposer définitivement par la terreur dans la région. On sait ce que sont les intentions de Daech : il n’y a qu’à lire le Coran.
Comme tous les autres états démocratiques, l’Amérique aspire à préserver ses libertés, à maintenir évidemment, autant que possible, son leadership, mais elle sera toujours pragmatique et n’aura jamais de méthode rigide et préconçue, sauf bien entendu dans le fantasme des conspirationnistes et des soraleux.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès