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Commentaire de Christian Labrune

sur Edwy plaide l'excuse de minorité


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Christian Labrune Christian Labrune 1er octobre 2014 12:18

« e suis désolé de vous contredire mais l’expression « redoutable auxiliaire de justice » est tout à, fait adaptée »

Siatom,
Je pense que vous me permettrez peut-être d’apporter modestement une petite contribution à votre définition du rôle très particulier de M. Plenel dans le fonctionnement de notre République. Au lieu d’en faire un « redoutable auxiliaire de justice », expression qui ressemble tout de même à une délicate et précieuse périphrase bien caractéristique de votre manière pleine d’atticisme et toujours ennemie de toute forme d’hybris, je proposerai de résumer cela carrément par un seul mot : « sycophante ».
Je recopie ci-dessous un large extrait de l’article consacré dans Wikipedia à cette très noble fonction dans le système juridique athénien et il me semble qu’elle convient très bien malgré la différence des époques et des institutions.
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L’existence de délateurs professionnels s’explique par les particularités du système juridique athénien7. À partir du Ve siècle av. J.-C., la principale juridiction est l’Héliée, un tribunal populaire constitué de 6 000 citoyens tirés au sort. En l’absence de ministère public, on compte sur le civisme populaire pour la dénonciation des crimes. Les actions sont divisées en deux classes : la δίκη / díkê (action privée) suppose un intérêt à agir, au lieu que la γραφή / graphế (action publique) peut être le fait de tout citoyen, qui assume donc le rôle du ministère public. S’il remporte son procès, l’accusateur perçoit une partie de l’amende versée par l’autre partie.

Les sycophantes sont donc des individus qui lancent des accusations non pas dans un esprit de civisme, mais dans le seul but de s’enrichir : ils constituent une perversion du système. Le terme est clairement injurieux dès l’Antiquité : Démosthène les traite ainsi de « chiens du peuple8 ». Le système athénien tente de s’en protéger en condamnant à de fortes amendes ceux qui lancent des accusations infondées. Les accusateurs dont l’action n’a été soutenue que par un cinquième des voix de l’Héliée sont également frappés d’atimie (privation des droits civiques) partielle : on leur retire leur droit d’accuser9. Malgré ces sanctions, les sycophantes mènent souvent des carrières assez lucratives.

Aristophane met en scène un sycophante dans Les Acharniens : en pleine guerre du Péloponnèse, le héros Dicéopolis, qui a conclu une paix privée avec Sparte, voit le « marché libre » qu’il a ouvert menacé par l’arrivée de Nicarchos, un sycophante qui veut dénoncer toutes les marchandises venues du territoire ennemi. Outré, Dicéopolis rosse le délateur, le ficelle et le vend à un marchand béotien en guise de :

« vase à brasser les infamies,
mortier pour touiller les procès
poubelle à éplucher les comptes,
bassine à brouiller les affaires10 ! »

Le Béotien l’assure en effet que les sycophantes, spécialité athénienne, sont inconnus à Thèbes : il pourra gagner de l’argent en l’exhibant comme une curiosité.


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