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Commentaire de Christian Labrune

sur Ils veulent la guerre !


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Christian Labrune Christian Labrune 5 octobre 2014 16:17

"Le premier [objectif] est de pérenniser la division en trois entités confessionnelles de l’actuel Irak. Le deuxième est de chercher à tuer Bachar el Assad et de semer le chaos en Syrie, comme ont été tués Mouammar Kadhafi et Saddam Hussein, en éliminant au passage le Hezbollah, présent en Syrie et ultime rempart au Liban contre les agressions d’Israël. Le troisième objectif de guerre est à usage interne (en tout cas en France, mais on peut supposer que les autres pays européens sont sur la même longueur d’onde) : museler le peuple !"
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L’idiot se croit devenu très malin une fois qu’il s’est senti capable de prêter à ceux qui le gouvernent une intelligence démesurée et proportionnelle à sa propre bêtise, laquelle est en général tout à fait abyssale. La logique pitoyable du conspirationnisme procède de cette posture des plus naïves. On imagine de noirs desseins, d’une extrême cohérence, et le malheur du monde programmé depuis des lustres par des stratèges diaboliques tapis dans l’ombre des gouvernements, si intelligents qu’à chaque fois leurs mauvais coups réussissent à la perfection.
En réalité, il n’y a pas une si grande distance entre les gouvernés et ceux qui tireraient les ficelles du système  : la connerie est la chose du monde la mieux partagée. Croire que les dirigeants des états démocratiques occidentaux sauraient parfaitement ce qu’ils entreprennent, c’est leur prêter une intelligence et des facultés de discernement dont ils disposent de moins en moins : la plupart sont désormais aussi « normaux » dans leur inculture que ceux qu’ils ont à diriger. Ils expédient les affaires courantes, naviguent entre les écueils, n’hésitent pas à changer de politique si l’opinion s’émeut de leurs décisions ; ils iront même jusqu’à se prévaloir d’avoir « changé » et d’être en train de prendre en compte leurs précédentes maladresses. Bref, ils espèrent ainsi, à force d’expédients, pouvoir tenir jusqu’au bout de leur mandat.
Dans les systèmes occidentaux, c’est le hasard qui est à l’oeuvre, ce même hasard qu’on observe quotidiennement dans un mouvement de l’économie que les spécialistes de la « science » économique se révèlent régulièrement tout à fait incapables de prévoir : leurs hypothèses successives s’effondrent comme des châteaux de cartes : le chômage en France devait régresser, et la croissance reprendre assez vite. On attend encore ; on est certes un peu déçu, mais "prévoir est un art difficile, surtout quand la prévision porte sur l’avenir", disait Pierre Dac.

Dès lors, les naïfs rêveront d’un monde qui serait moins angoissant, plus sûr et plus prévisible, fût-ce au prix de la liberté. Si le hasard disparaît, si le monde obéit strictement à un programme rigide et déterministe, tout devient immédiatement très simple, mais l’homme cesse aussi d’être libre d’organiser le monde au jour le jour à sa convenance. Les grandes illusions du siècle dernier offraient cette espèce de confort à la rêverie : le matérialisme dialectique enseignait que le capitalisme mourrait fatalement de ses propres aberrations, qu’on arriverait à la fin de l’histoire, que ce serait enfin l’égalité parfaite et le parfait bonheur. Cette eschatologie était tout à fait comparable à celle des grandes religions déjà mourantes et qui prévoyaient aussi le même bonheur, même s’il ne se réaliserait que dans un autre monde. Il était toutefois encore plus proche puisqu’il suffisait de mourir. L’islam actuel fasciné par le sang et la violence met le paradis à portée de la main pour ses fidèles : heureux les « martyrs », à eux les jardins où coulent mille ruisseaux !, Et pour ceux qui auront encore la patience d’attendre, on organisera ici-bas un septième siècle éternel, sans la possibilité de rien changer à ce que le Prophète aura parfaitement programmé une fois pour toutes.

En résumé, on ne peut rien prévoir, parce que le monde est un système complexe et qui n’obéit pas à l’idée très naïve qu’on se faisait du déterminisme à l’époque de Laplace ou encore de Karl Marx. On est dans un système qui relèverait plutôt d’une physique du chaos qui sait mettre des bornes à la calculabilité des événements. Les grands totalitarismes : communisme, nazisme, islamisme, voudraient faire croire aux naïfs qui les prennent encore au sérieux qu’on pourrait échapper au sentiment d’inconfort qui habite « tout existant angoissé de sa liberté », pour reprendre une formule de Beauvoir, mais cela ne sera jamais possible pour qui tient à rester lucide et à ne jamais prendre des vessies pour des lanternes.

On peut toujours « s’abêtir » et croire. C’est ce que Pascal proposait au libertin ; c’est aussi l’objectif que paraissent poursuivre beaucoup d’intervenant sur AgoraVox, mais l’illusion ne sera jamais une issue et il serait peut-être temps de cesser de croire au Père Noël.


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