Je crois que toute cette affaire va bien au-delà d’une histoire de
mariage gay, d’homoparentalité, de PMA ou de GPA. Elle a au moins le
mérite de tenter de bousculer les idées reçues sur la loi, la nature
humaine et la définition de la société et de la famille.
Il faut bien l’avouer : la
majorité de la population, sans en être consciente, ne voit dans ses
enfants qu’un prolongement de sa propre personne, la clé de
l’immortalité, ce qui est bien bien pire que d’en faire leur propriété,
donc pire que l’esclavage. Sous couvert « d’inculquer de bonnes valeurs »
ou autres fariboles poétiques, la plupart des parents considère leurs
enfants comme leurs clones, ils les formatent à leur image, et refusent à
leur progéniture le droit de faire leurs propres choix. Et bien sûr
quand le formatage familial échoue, l’explication toute trouvée, c’est que la société décadente les a pervertis.
L’Humanité
est une famille, et les enfants, la prochaine génération, sont notre
plus grande richesse. Si on n’est pas capables de s’entendre sur le fait
que les gosses sont libres et que c’est toute la famille humaine qui doit
participer à leur éducation, si on n’est pas capables de partager notre
seule vraie richesse, alors il ne faut pas s’étonner qu’on n’arrive pas
non plus à se mettre d’accord sur le partage du reste, il ne faut pas
s’étonner qu’on continue à perpétrer les mêmes horreurs générations
après générations : violence, inceste, intolérance...
ça fait plus d’un siècle qu’on sait que les parents, même si ils font de leur mieux, refilent leurs tares à leurs mômes, et on continue pourtant à faire semblant de ne pas être au courant, et on pousse des hauts cris à chaque fois qu’une affaire sordide éclate au grand jour.
La famille et le « droit de propriété » que
croient avoir les parents sur leurs enfants, c’est là que commence la
marchandisation de tout et le règne du chacun pour soi. Pas la peine de se compliquer la vie à chercher plus loin.
ça fait juste très très mal de l’admettre.