Philouie,

Ce n’est pas parce qu’on a le sentiment d’être un con qu’il faut imaginer un monde peuplé d’individus supérieurement intelligents. Les salafistes, et les islamistes de tout poil représentent une forme de connerie particulièrement voyante et grotesque dans le monde moderne, c’est vrai, mais les Occidentaux, qu’ils soient Américains ou Européens, et même s’ils ont quatre ou cinq siècles d’avance sur le plan intellectuel, sont quand même logés à peu près à la même enseigne. La connerie est la chose du monde la mieux partagée.

Vous n’avez apparemment pas compris que dans les systèmes démocratiques occidentaux, dont l’économie est capitaliste, la logique du profit impose de réaliser au plus vite des bénéfices quand la conjoncture le permet. Si on peut vendre des armes, on les vend. Si on croit qu’en retirant les troupes de l’Irak on fera des économies et qu’on en tirera un bénéfice politique parce que ça ira dans le sens de ce que souhaite l’opinion, on les retire. Si on pense que la démocratie vaudrait mieux qu’un tyran du genre de Kadhafi, on aide à le renverser. Si on pense que les Frères musulmans au pouvoir peuvent être ici ou là un gage de stabilité, on soutient les Frères musulmans. Ensuite, après quelques mois ou quelques années, on s’aperçoit que les armes qu’on avait vendues sont tombées aux mains des terroristes ou que les Frères musulmans sont des assassins. Qu’à cela ne tienne, on combattra les terroristes. And so on.

L’avenir d’un système démocratique est tout à fait imprévisible : l’Europe et l’Amérique sont attachées à quelques libertés fondamentales mais elles ne prévoient pas un paradis sur terre, une fin de l’histoire ou je ne sais lequel de ces objectifs utopiques, eschatologiques et prédéterminés qui sont communs à tous les fanatismes totalitaires. On savait très bien ce que le communisme soviétique entendait réaliser : la société sans classes par la dictature provisoire du prolétariat. On savait très bien ce qu’était l’objectif des nazis : un Reich de mille ans, et Deutschland über alles. On sait encore très bien aussi ce qu’est l’objectif de l’islam : soumettre le monde entier à une baudruche imaginaire et au pire des obscurantismes. Tout cela est très simple, et même simpliste. C’est ce qui fait que cela n’a jamais pu marcher : le monde est un système complexe.

Le communisme et le nazisme ont beaucoup exterminé mais ils ont fini par crever. On est en train d’assister à la mort de l’islam, qui aura été le dernier des totalitarismes. Il va disparaître parce qu’on sait trop bien aussi ce qu’il veut, et ce programme infect, les hommes libres ne le veulent pas plus qu’ils n’auront consenti dans la longue durée à ceux, tout aussi stupides, que prétendaient imposer communisme ou nazisme.

Le système occidental ne prévoit rien, ne promet rien, laisse ouvert tout le champ des possibles. C’est ce qui fait que le capitalisme, contrairement à ce que croyait Marx, est increvable. Les crises se succèdent, il y a des hauts et des bas, qui dépendent beaucoup de hasards tout à fait imprévisibles, mais les sciences, les techniques, la Connaissance avec un grand C, et la liberté qui va avec, ne cessent de progresser en dépit des incidents de parcours. Evidemment, il y a des inégalités ; évidemment, quand une crise se développe sur un quart de siècle, beaucoup de gens en souffrent, comme actuellement, avant qu’on retrouve un dynamisme comparable à celui des trente glorieuses ; mais enfin, comme on sait que la mort est la fin de tout, on évite de s’entretuer et de chercher des solutions dans le massacre des innocents. Dans Israël, lors du dernier conflit, on obligeait les civils à courir aux abris, et quelquefois dix fois par jour dans les villes du sud. De l’autre côté de la barrière de sécurité, d’héroÏques soldats de l’islam conquérant prévenus d’un bombardement imminent plongeaient tout armés et tout de suite à trente pieds sous terre après avoir obligé des civils désarmés à ignorer, eux, l’avertissement, et à monter sur les toits pour affronter, en bombant le torse, des avions de guerre qui ne pouvaient pas toujours les repérer à temps.

La différence entre le totalitarisme et la civilisation démocratique, c ’est dans ces sortes de circonstances qu’on peut objectivement la repérer. D’un côté, on fait ce qu’on peut pour garder les gens en vie ; de l’autre côté, on fait croire le bon peuple au Père Noël et on profite de la connerie des pauvres bougres pour les envoyer à la boucherie. "Allah est son but [du Hamas], le prophète son modèle, le jihad sa route et la mort pour la cause d’Allah son plus haut souhait.
C’est le huitième article de la charte du Hamas. Tout est dit. Magnifique programme !