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Commentaire de Christian Labrune

sur Ils veulent la guerre !


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Christian Labrune Christian Labrune 9 octobre 2014 14:37

Philouie,
S’il y a des gens qui prennent actuellement « des balles dans le buffet », ce sont surtout les Kurdes, du côté de Kobané, avec la bénédiction du Frère Erdogan. Les massacreurs, les décapiteurs en Irak, en Afghanistan, en Afrique sahélienne, qu’ils soient des émules d’Abou Bakr al-Baghdadi ou des chefs de Boko Haram, ou d’al-Zaouahiri, ce ne sont pas vraiment des démocrates, même s’ils ne sont pas si franchement ennemis que cela d’un capitalisme dont ils imitent allègrement les dérives les plus mafieuses : trafics en tous genres, et pas des plus propres.
Le renversement de Khadafi comme celui de Sadam Hussein, c’était une pure sottise, même du simple point de vue des intérêts occidentaux. Beaucoup de bons esprit avaient prévu qu’il en résulterait le chaos dont on est témoin actuellement ; ils n’ont pas été écoutés et c’est regrettable, mais le chaos, contrairement à ce que pensent les conspirationnistes, n’était absolument pas ce qui était visé. Il est difficile de prévoir l’évolution des choses, même pour les politiques les mieux informés. Ils préfèrent toujours, lorsque des régimes parmi les plus détestables acceptent de coopérer, faire tout ce qu’il faut pour les maintenir en place. Depuis le Pacte du Quincy, l’Amérique n’a rien fait qui pût nuire à l’Arabie Saoudite, où règne pourtant un des régimes les plus pourris de la planète, et la France était tout à fait disposée à fournir à Ben Ali toute l’aide qu’il pourrait souhaiter pour mieux parvenir à maintenir l’ordre au début des printemps arabes.
C’est souvent même par souci de ne pas heurter une opinion bien-pensante que les plus grosses conneries politiques ont été commises. Si la France n’intervenait pas en Libye disaient certains, il allait y avoir sûrement des massacres à Benghazi. Par conséquent, on y est allé. On voit aujourd’hui le beau résultat. Hollande, il y a un an, voulait « punir » el-Assad parce que l’opinion commençait à s’émouvoir de massacres épouvantables et de l’utilisation des armes chimiques. Dieu merci, Lavrov avait fini par trouver une sortie provisoire de crise ; sinon, je ne sais pas ce qui aurait pu résulter d’une intervention musclée en Syrie.

Dans toute cette évolution récente des choses, ce qui frappe, c’est l’inconséquence tout à fait hasardeuse des décisions qui ont été prises. On navigue à vue, on ne sait pas où on va.
Il faut peut-être que je précise l’opposition que j’esquissais dans mon précédent mail entre les systèmes totalitaires fermés sur une idéologie rigide et les principes ouverts et hasardeux des systèmes démocratiques. Les démocratie ne savent pas où elles vont, disais-je, elles n’ont pas de visée à très long terme. En revanche, ce que je ne disais pas explicitement, c’est qu’elles savent très bien ce qu’elles refusent. Elles refusent radicalement les systèmes clos fondés sur un délire eschatologique, qu’il soit politique ou religieux, c’est-à-dire totalitaire. Ces systèmes sont désormais aussi périmés que le silex ou la rotation d’un morceau de bois sec pour allumer son cigare.

Huntington parlait d’une guerre des civilisations. Ce que nous voyons actuellement y ressemble un peu, sauf qu’il n’y a sur cette planète actuellement qu’une seule civilisation, c’est celle qui fait progresser la connaissance et permet au monde de se complexifier à l’infini, de s’organiser d’une manière qui exclue la violence et les grands massacres d’autrefois. De l’autre côté, ce qu’on a, ce n’est pas une civilisation, c’est une résurgence du haut moyen-âge ; ce sont donc des époques du mondes différentes qui se combattent, un peu comme si les dinosaures faisaient demain, et comme par enchantement, leur réapparition dans les forêts d’île de France.

Ce n’est pas l’Occident qui est responsable de l’obscurantisme islamiste. Ce n’est pas l’Occident qui tient le couteau des égorgeurs de Daech. Malgré l’horreur qu’inspirent de pareilles pratiques, il faut tout de même reconnaître que ceux qui s’y adonnent appartiennent à la même humanité que nous. Partant, ils sont libres. S’ils se comportent comme des bêtes, personne ne les y a obligés et ils le font volontairement. Par conséquent, ils sont entièrement responsables. Ils se sont mis par imbécillité pure dans une situation telle que la sortie par la négociation diplomatique devient impossible. Ils veulent faire crever tout ce qui serait en dehors de l’Oumma, mais c’est eux qui vont y passer : ils ne font pas le poids et ils sont condamnés par l’évolution. Je ne plaindrai assurément pas ces ennemis de leur propre liberté, ces esclaves volontaires de la plus imbécile des idéologies que le monde ait jamais produites.
C’est ce qui fait aussi que je me refuserai à plaindre les Gazaouis sous la botte du Hamas aussi longtemps qu’ils n’auront rien tenté pour se débarrasser des brutes sanguinaires qui les prennent en otages depuis sept ans. Un peuple complice de ses bourreaux, comme l’était le peuple allemand sous les nazis, s’il n’a pas le courage de se révolter et de secouer le joug, mérite ce qui peut lui arriver de pire et qu’il avait tous les moyens de prévoir.

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