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Commentaire de trevize

sur La prédiction (heureuse ?) de Jeremy Rifkin


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trevize trevize 25 octobre 2014 00:47


La définition du terme « objet » est beaucoup plus vaste et générale que celle de « chose inanimée dont on peut disposer à volonté ».

D’un point de vue psychologique, l’analysé est le sujet, et l’objet, ce sont toutes les choses sur lesquelles il place son attention ; les objets inanimés comme les êtres vivants. Tout le reste du monde avec lequel il interagit.

Le truc c’est qu’on a l’impression que c’est réducteur, que ça rabaisse l’humain, que de le comparer à un système ou un objet ; je vois ça de l’autre côté, je pense qu’on n’a pas assez de considération pour les autres êtres vivants, et les objets inanimés, les pierres comme les machines que nous créons. Nous méprisons particulièrement ces dernières, et elles nous le rendent plutôt bien.

Et le fait de considérer que tout ce que nous connaissons voyons et manipulons, (ou en tous cas les représentations que nos esprits élaborent pour se représenter ces choses ) a une essence commune, celle de système, ne signifie pas que toutes les choses se valent ; simplement, il faut bien comprendre que les échelles de valeurs sont très personnelles ; la valeur d’un objet dépend du sujet qui le considère. Les fraises et les coings sont tous deux des fruits, mais je n’accorde pas personnellement la même valeur à tous les fruits, je préfère les fraises aux coings.
Il en va exactement de même pour les systèmes ; j’aime bien les gens en général, mais beaucoup moins les moustiques. Savoir si telle ou telle interactions avec tel ou tel type d’objet est bonne ou mauvaise, ce sont des constructions que chacun de nous élabore personnellement. Je sais que je ne dois pas faire de mal a un être humain, et je ne le veux pas non plus, de la même façon que je ne dois pas mettre mes doigts dans une prise électrique : je l’ai appris.

L’homme veut toujours être en dehors de tout, voire même au-dessus. Mais à l’échelle de l’univers on n’est que des poussières, on ne vaut pas plus que notre poids en atomes.

On est autant manipulés par nos créations que nous les manipulons nous-même. Vous prenez l’exemple de la personne qui me taperait sur les doigts avec un marteau. Bien sûr que c’est la personne qui me tape ! De même, quand je prend une contravention, c’est un flic qui dresse le procès verbal, mais c’est bien l’état qui me punit ! le flic est le marteau, et l’état est le tortionnaire qui tient le marteau et me tape sur les doigts. Le flic est l’instrument, l’émanation, le tentacule, l’extension, ou le bras armé de l’état, comme le marteau est l’extension de la personne qui me frappe. Et c’est bien en tant que représentant, émanation de l’état, qu’il agit.

On ne peut pas comprendre la place de l’homme dans le monde tant qu’on s’obstine à le placer en dehors, ou qu’on lui donne une place prédéterminée, une nature a priori.
On ne peut pas comprendre le monde en utilisant un modèle différent pour les hommes, le reste du vivant, et l’inerte. Tout ça c’est pareil, c’est des systèmes, dont on a une connaissance toujours partielle.

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Se passer de l’état, c’est faisable, mais pas du jour au lendemain. Mais pour commencer, il faut se définir ça comme objectif ! Tant qu’on part du principe qu’on ne peut/veut pas, on ne pourra pas s’en passer, par définition. On peut s’organiser de millions de façons différentes, mais de nombreuses personnes sont tout simplement accro à la forme présente de l’état français, on est allergique à la réforme et à l’autonomie ! enfin, j’ai l’impression que c’est en train de changer, poussés que nous sommes par l’urgence de la « crise ». Vivement !

"Alors état ou pas état ? Ma foi, cet objet devant subir une profonde transformation, sans doute doit il en perdre le nom, mais l’état n’a jamais été la cause de quoi que ce soit, en tant qu’objet, il fut toujours la conséquence.« 

 »Alors l’état ne fait rien de lui même, seulement ce qu’on en décide"

Bien sûr que l’état a son existence et sa volonté propre ! Nous le subissons tous, puisque nous sommes nés dedans, nous avons appris à y vivre et bâti notre vision du monde sur son existence, nous avons intégré une partie de son existence en nous, et il nous est donc nécessaire. On arrive dedans, et on ne peut pas facilement décider qu’on ne veut pas de lui.

Et plutôt que de faire ce que nous décidons, l’état fait tout simplement ce qu’on lui demande ; et entre ce que nous voudrions qu’il fasse, ce que nous lui demandons de faire, et ce qu’il fait concrètement, il y a toute une différence. Cette différence entre le résultat escompté et le résultat effectivement obtenu, le reste, ce sont tous les effets de bord que nous n’avions pas prévu lorsque nous avions ordonné à l’état d’agir, ainsi que tout ce qu’on lui a demandé de faire mais qu’il n’a pas fait, et c’est aussi, le résultat de l’action de sa propre existence, le fruit de son autonomie.
Et c’est particulièrement flagrant en ce moment, les responsabilités sont diluées, les services se refilent les dossiers, se renvoient les responsabilités les uns aux autres, on blâme le ministère, l’administration, la hiérarchie, l’europe... On ne contrôle plus rien ! ce truc est pratiquement autonome, il nous bouffe la vie et on passe la notre à le faire tourner, comme les shadocks qui pompent tout le temps sans savoir pourquoi.


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