Rachid Barnat
J’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêt.
L’anti-américanisme fait partie de l’idéologie made in AgoraVox, mais il s’en faut bien qu’on perçoive clairement où sont les erreurs de la politique américaine. L’Amérique, c’est le Diable, répète-t-on stupidement en choeur, à l’imitation d’un vieux con iranien, et on en reste là. Pourtant, il est de fait que l’Amérique ne paraît pas comprendre grand chose aux conflits du Moyen-Orient et sa politique de soutien quasi inconditionnel aux Frères musulmans est totalement aberrante. L’Europe, du reste, est à peu près logée à la même enseigne. Quand Morsi est tombé, je me rappelle très bien des débats sur France24 où on représentait à des jeunes révolutionnaires égyptiens présents dans le studio que Morsi avait été élu démocratiquement et qu’il convenait qu’il pût aller jusqu’au bout de son mandat, que son éviction résultait d’une sorte de coup d’état. Les mêmes journalistes, dans les années 30, auraient sans doute expliqué à des antifascistes allemands que le chancelier Hitler, démocratiquement élu, devait pouvoir mener à bien sa politique jusqu’à son terme.

L’Egypte, après l’attentat réalisé dans le Sinaï avec le soutien du Hamas, risque d’être elle aussi rapidement en fâcheuse posture ; elle aurait grandement besoin d’un soutien militaire des pays actuellement coalisés contre le « Califat », mais ce soutien ne vient pas et il ne lui reste guère qu’à chercher l’appui des Russes. On bombarde les positions du « Califat » - ce qui est nécessaire, je ne le conteste pas - mais on ne voit pas encore, semble-t-il, que le Hamas est son frère jumeau. On a pu voir naguère la voiture de Ban Ki-Moon escortée dans Gaza par celles des terroristes d’une organisation criminelle sur laquelle on venait de faire tomber une pluie d’or. C’était tout à fait surréaliste mais, apparemment, cela n’aura ému personne. Le réveil, après ce long sommeil de la raison, risque d’être fort douloureux.