Paresseux ?
Pierre Cot, « Que fera l’armée ? », Vu, 30 novembre 1935 :
"M. Albert Lebrun connaît sans aucun doute son droit constitutionnel. Il
peut nommer non seulement le Président du Conseil, mais chaque
ministre. J’ai déjà noté qu’il avait aussi le droit de révocation. Rien
ne l’empêcherait donc de confier à un homme pris en dehors des luttes
politiques le soin d’assurer l’ordre pendant la durée de la crise. Tout
le monde applaudirait. (...) Mais un tel homme existe-t-il ? Son choix
est délicat. Il faut que son courage, sa probité intellectuelle, sa
droiture soient indiscutables et indiscutés. Il faut que nul ne puisse
le soupçonner de vouloir faire une opération personnelle. Il faut qu’un
des traits dominants de son caractère soit le loyalisme. L’homme existe,
c’est le maréchal Pétain. C’est lui le véritable chef moral de l’armée.
Il n’est pas un ancien combattant qui ne lui garde une reconnaissance
émise moins peut-être parce qu’il fut le plus grand chef de la guerre
que parce qu’il fut le plus humain et le plus près de notre misère. Avec
lui, aucun trouble à craindre. Un mot aux anciens combattants, un geste
d’énergie, et l’ordre est assuré et le calme renaît. (...) Il ne s’agit
pas de lui confier le Gouvernement ou la France ; il s’agit de faire
régner l’ordre. (...) Certains trouveront mon idée étrange ou dangereuse
; je pense être approuvé par tous ceux qui ont vu cette chose étonnante
: le regard du maréchal Pétain."
Léon Blum, Le Populaire, 3 mars 1939 :
"C’est aller vraiment trop loin dans l’empressement, dans la surenchère,
dans la flatterie. Un tel ambassadeur [Pétain] juche tout de même trop
haut l’apprenti dictateur auprès de qui on l’accrédite. Le plus noble,
le plus humain de nos chefs militaires n’est pas à sa place auprès du
général Franco quand hier encore les divisions chocs italiennes
défilaient en tête de la parade de Barcelone, quand on doit redouter
pour demain, dans toute l’Espagne conquise, la plus atroce répression.
(...) Pourquoi le chef du gouvernement a-t-il éprouvé le besoin
d’envoyer au général Franco ce qu’il y a de mieux, l’homme qui, par son
passé, son caractère, le respect général qu’il inspire, a la chance
d’exercer sur lui le plus d’ascendant ?"
Edouard Herriot, déclaration lors d’une séance parlementaire à Vichy, 9 juillet 1940 :
"Autour de M. le Maréchal Pétain, dans la vénération que son nom inspire
à tous, notre nation s’est groupée en sa détresse. Prenons garde de ne
pas troubler l’accord qui s’est établi sous son autorité. Nous aurons à
nous réformer, à rendre plus austère une République que nous avions
faite trop facile, mais dont les principes gardent toute leur vertu.
Nous avons à refaire la France. Le destin de cette oeuvre dépend de
l’exemple de sagesse que nous allons donner. Notre grand pays, notre
cher pays renaîtra : Messieurs, vive la France !"