Les syndicats sont censés représenter leurs syndiqués. S’ils peuvent mobiliser des troupes, leurs dirigeants deviennent des personnages de première importance dans les rapports de force entre l’opposition et l’exécutif.
Plus ils font peur au pouvoir, plus ils sont puissants. Plus les actions sont spectaculaires, voire sanglantes, plus ils sont pris en considération dans l’arbitrage d’intérêts contradictoires.
La FNSEA n’est pas un cas isolé. Tout le monde se souvient de retournement de veste de la CFDT après l’élection de Mitterrand. Mais les « paysans » bénéficient d’un traitement de faveur comparés aux « ouvriers ». Les premiers peuvent saccager et brûler des symboles de la République tout en bénéficiant d’une couverture des médias expliquant leur « mal être » et les causes politiques alors que les seconds seront traités comme des émeutiers prenant en « otage » la population sans que les raisons de leurs mouvements ne soient évoqués.
L’explication doit probablement être recherchée dans l’identification de classe. Les « propriétaires » ne sont pas traités comme les « prolétaires ».
Tout à fait logiquement, les syndicats subissent les mêmes dérives que les partis politiques. Les intérêts des syndiqués passent en second plan et ne servent plus que de chairs à canon pour des causes qui les dépassent.
Comme dans les partis politiques, les candidats font de la surenchère pour être élus par les troupes, favorisant le corporatisme et le repli sur soi. Une fois élus, c’est d’autres intérêts qu’ils vont défendre, celui des chefs des partis politiques plus soucieux d’accéder au pouvoir que de l’intérêt général.
C’est ainsi que tout un pays s’enfonce dans les marais glauque de la confusion des genres de ce qu’il faut bien appeler des groupes de pression mercenaires. Le paradoxe est qu’ils sont tous financés par des subventions publiques et que tous prétendent à l’indépendance, un peu comme les médias.