@ Pierre
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Je suis incapable de définir ce qu’est un Ukrainien. Il y a autant de
différence entre un habitant de Lvov (ou Lviv) et un autre de Lougansk
qu’entre un Finlandais et un Croate.
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Voilà. Moi non plus je
ne peux définir ce qu’est un « Ukrainien » et je ne suis pas sûr non plus
que ceux qui se revendiquent comme étant « Ukrainiens » en sont bien
capables. Par contre, je peux très bien voir quand on essaye de me faire
prendre des vessies pour des lanternes.
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Ils ont peu d’histoire en commun si ce n’est à l’époque de l’URSS.
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Vous oubliez juste l’Empire Russe et l’ancienne Rus’.
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J’aurais
peut-être un truc à rajouter, concernant le monde russe. Les
Occidentaux réfléchissent avec leurs catégories (État-nation, Royaume,
Empire romain, etc.), ce qui, après tout, est normal. Par contre, je ne
suis pas sûr que ces catégories sont valables en dehors de l’Occident. À
la limite, la catégorie politique occidentale qui convient le mieux
pour le monde russe, ce serait celle d’empire, avec toutes les provinces
qui en font partie. Mais même celle-ci ne transcrit pas la réalité de
manière tout à fait adéquate : un empire au sens occidental est un empire
agressif, rapace, conquérant. Ce n’est pas le cas du monde russe, qui
ressemble davantage à une grande famille de peuples. Je ne dis pas que
c’est l’harmonie parfaite, mais enfin, ce n’est pas non plus la Rome
européenne ou l’Empire Britannique. Dans les familles humaines non plus,
ce n’est pas toujours l’harmonie parfaite, loin de là.
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Par ailleurs, l’URSS n’a pas été un « melting pot »,
ni plus ni moins que ne le fût l’Empire russe. Il n’a jamais été
question de « fusionner » des peuples différents pour en obtenir un
nouveau, au contraire, on a activement essayé de développer et de
préserver les cultures des différents peuples composant l’URSS. On avait
même mis des moyens assez conséquents là-dedans. Les États-Unis, au
contraire, ont pratiqué une politique intégrationniste et
assimilationniste (c’est-à-dire, pour parler brutalement, raciste).
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Par
contre, on n’a jamais non plus empêché les gens de se marier comme ils
l’entendaient et avec qui ils l’entendaient. Ce qui donnait des types
comme Choïgu, par exemple, dont le père est un turco-mongol de l’Altaï,
et la mère « ukrainienne ». Ce qui, de toute façon, n’avait guère
d’importance, puisqu’il a été éduqué dans un système éducatif
russophone, enseignant Tolstoï et Dostoïevski. Rien ne l’empêchait, si
il l’avait souhaité, de rester dans son Altaï natal ; mais il a fait le
choix, à un moment, de monter à Moscou (ben ouais, il y a quand même plus de débouchés...).
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Je pense que Korolev a fait un choix similaire dans une situation similaire. Il n’est donc, d’après ce que je viens d’exposer, pas « ukrainien ». Ou alors, uniquement au sens « géographique », ce qui n’a que l’importance qu’on veut bien lui accorder.