Vivre au bord de la mer, c’est vachement dangereux. Tôt ou tard une trombe ou un tsunami va arriver. La trombe ne fait que des dégâts locaux, remarquez.
Deux générations avant moi, la jeune fille qui allait devenir l’épouse du docteur Flandrin va se baigner près de la pointe de Mouret, entre Embiez et Sicié. Un tsunami arrive (un peu avant elle, sinon il n’y aurait plus de témoin), qui noie la falaise jusqu’à mi-hauteur, soit 20 mètres environ. Je ne peux évidemment plus réinterroger ce témoin visuel... La date approximative est compatible avec le tremblement de terre de Messine de 1906.
Vivre au bord de la mer, c’est vachement dangereux. Mais c’est en mer qu’on pêche.
Cultiver sur les pentes d’un volcan, c’est vachement dangereux. Mais entre les tropiques, c’est là, et de loin, que les sols sont les plus fertiles et généreux. Alors qu’un sol ferrallitique sur granite, bonjour la misère !
La grande pêche, c’est vachement dangereux, en plus d’être d’une pénibilité extrême. Pierre Loti envoie la fiancée du marin pêcheur (parti dans les eaux d’Islande) dans le petit cimetière du village breton. Combien de plaques « Disparu en mer » ? Le sien non plus ne reviendra pas. Remarquez, la pêche côtière aussi peut être fort dangereuse ; malgré ses 25 mètres, le Bugaled Breizh l’a éprouvé.
Vivre en montagne, c’est fort dangereux : les éboulements de terrain, et les avalanches qui traversent la vallée, comme à Tignes... Et les crues des torrents.
Même vivre est dangereux : la vie est une maladie sexuellement transmissible qui se termine tôt ou tard par la mort.
Vivre en Islande, c’est vachement dangereux. L’éruption du Laki en 1782 a tué 90 % du cheptel, et environ 80 % des humains, de fluorose ou de faim. Et pourtant les vikingrene s’accrochent à leur île...