bonjour Pierre et désolé de revenir si tardivement,
ce que tout le monde oublie en fait de dire sur le mémorandum de Budapest, on le présente souvent comme le fruit d’une négociation acharnée, ou les Ukrainiens auraient troqués leur arsenal nucléaire contre l’assurance de conserver leur territoire.
Mais en fait, c’était là aussi un marché de dupes. Les Ukrainiens ne voulaient plus à l’époque avoir à s’occuper de leurs bombes atomiques, tout simplement parce que ça leur coûtait bien trop cher. En définitive, absolument tout le monde était ravi de refiler le poulet de l’entretient et du démantèlement aux Russes, et d’ailleurs il est notoire que personne ne s’est préoccupé de savoir ce que les Russes ont fait avec toute cette quincaillerie atomique après.
Bref, Budapest qui était présenté comme un accord « équilibré » nucléaire contre territoire ne l’était en fait pas du tout, car il ne créait dans les fait que des obligations à la part Russe. Et en tant que tel, je pense que cet accord ne peut être brandi dans le cas d’espèce, et encore moins en période de suspension constitutionnelle comme c’est encore le cas en Ukraine aujourd’hui (car pour moi, l’Ukraine n’est toujours pas revenue à un ordre constitutionnel).
Un autre point de détail : parler « d’annexion de la Crimée par la Russie » est impropre, dès lors que l’on considère que les habitants de Crimée se sont prononcés librement pour rejoindre la Russie, il s’agit d’un rattachement - mot que vous employez d’ailleurs dans la même phrase.
Sur la justice internationale, le tribunal de la Haye, c’est en définitive le fait nouveau de cette crise Ukrainienne et du traitement qu’en ont réservé les occidentaux dans leur ensemble : de par le traitement en deux poids deux mesures de faits strictement identiques comme les bombardements de populations civiles, ils ont jeté à la flotte toute notion de loi et de justice internationale. Idem en ce qui concerne les sanctions contre la Russie, allant pour la France jusqu’à conditionner la livraison d’une marchandise déjà payée au règlement d’un conflit externe sous entendu avec l’issue que l’on y souhaite. On nage dans le plein délire juridique.
Ce que montre l’Ukraine, c’est qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura jamais de justice internationale réellement juste, et que ce qui s’en réclame n’est en fait qu’un manteau de Noé pour imposer à tous la loi du plus fort sans avoir l’air de le faire.