Nicolas Sarkozy, un champ de ruines
Les Français ont joué à la roulette russe à l’élection présidentielle de Mai 2007. Nicolas Sarkozy a gagné, la France a perdu.
Propulsé au pouvoir sur fond d’un paysage international dévasté, à
contretemps du momentum stratégique, en pleine déroute des États Unis en
Afghanistan et en Irak, et d’Israël au Liban, à la veille du collapsus
de l’économie occidentale, l’idole des jeunes était déjà un président à
rebrousse chemin. En signant son ralliement aux thèses des
néoconservateurs américains par la réintégration du giron atlantiste, il
mettait ainsi fin à la parenthèse gaulliste sur le plan diplomatique,
et, sur le plan interne, avec l’adoption des lois sur l’exclusion
sociale et le pistage génétique, le président rétrograde marquait le
triomphe du néo-pétainisme.
Le délire narcissique dans lequel a baigné la France pendant un an a
débouché brutalement sur la plus grande mystification politique de
l’Histoire de la V me République, avec un état de grâce le plus bref de
l’Histoire, implosant le soir même de son élection avec « la nuit du
Fouquet’s », le dîner groupant les plus importantes fortunes du pays, la
croisière à bord du yacht de Vincent Bolloré, le vaudeville de son
couple à la Kennedy qui s’achèvera par son mariage avec un mannequin
people fort apprécié du Paris intellectuel et artistique, enfin, son
langage de charretier dégageant un entreprenant jeune homme par un
langage châtié dont il a le secret. « Casse-toi pauvre con », est passé à
la postérité comme le parfait contre-exemple du bon goût présidentiel
français.
Dans l’ordre symbolique, Nicolas Sarkozy a refait l’unité de la
droite sur la base des thèses de l’extrême droite pétainiste et
l’apparence de la droite gaulliste. Le sarkozysme a signé ainsi la
défaite du gaullisme et le triomphe du néo-pétainisme. Se réclamant du
gaullisme tout en siphonnant les thèses de l’extrême droite xénophobe,
le sarkozysme a purgé en fait la querelle de légitimité par le
dépassement syncrétique des deux grandes familles de la droite
française, dont le point d’exacerbation avait été atteint lors de la
présidentielle de 2002.
(suite)