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Commentaire de Éric Guéguen

sur Sur l'avenir de la démocratie : Badiou 1, Gauchet 0 ?


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Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2014 12:57

@ franc :
 
Donc, pour vous répondre et rebondir en même temps sur ce que j’ai déjà dit à Nicolas :

Je ne suis pas sûr que Badiou ne veuille pas, dans le fond, faire advenir une forme totalitaire du pouvoir dans sa grande attente du changement, en revanche, je suis d’accord pour dire que Gauchet se retrouve forcément à la traîne : il a envie de dire aux gens que son rôle est nécessaire, mais comme il ne pense absolument pas le changement concret, il se retrouve à court d’arguments. Le fait que Badiou soit mieux armé dans cette situation est tout le problème.
 
Je voulais surtout revenir sur les éléments de philosophie politique que vous avez avancés, et qui sont pour moi fondamentaux. en gros, les voici :
 
1.Il y a en effet plusieurs façons de voir ce que peut être une démocratie, en fonction de la fin assignée aux hommes : la prise du pouvoir ou le bonheur (et d’autres encore). Personnellement, en bon aristotélicien, non seulement je revendique cette idée de finalité commune, mais j’opte clairement pour la seconde, le bonheur. L’homme est destiné à la recherche du bonheur, ce bonheur passant inévitablement par l’entretien de ce qui lui est propre, à savoir l’exercice de la raison, et par la prise en compte de sa condition politique... ce qui nous ramène tout de même au problème du pouvoir que l’on ne peut esquiver.
 
2. La sagesse, et en général toutes les vertus ne sont pas innées en chacun, chacun n’aura pas à elles le même rapport, ni vis-à-vis d’autrui, ni tout au long de sa propre vie, et je suis de ceux également qui pensent que c’est un élément à prendre en considération.
Le philosophe n’est pas n’importe quel citoyen, mais le fait d’être philosophe n’est pas inscrit dans les gènes, ni assujetti à l’obtention d’un diplôme. C’est un comportement (plus qu’un statut) qui demande des efforts permanents que la plupart des gens n’ont ni le temps, ni même l’envie de fournir. Là réside d’ailleurs la plus grande des inégalités naturelles, celle qui distribue les goûts et les couleurs au petit bonheur !!
 
3. La vertu de justice est essentielle. Et j’emprunte ici à Aristote, qui selon moi en a dit des choses indépassables : il y a les vertus intellectuelles, et il y a les vertus morales (vous vous disiez « intelligence intellectuelle » et « intelligence spirituelle »). Et la justice est la vertu morale politique par excellence, en ce sens qu’elle concerne chacun dans son rapport à autrui (et aux autres vertus). Aristote ajoute que la prudence (ou sagacité) est la vertu intellectuelle qui relie toutes les vertus intellectuelles aux vertus morales. Elle est donc essentielle elle aussi, politique évidemment, et plus ou moins répandue. Inutile de dire que notre monde contemporain, ayant fait de la « démocratie » l’outil libéral du tout-marchand, ne peut absolument pas l’entendre ainsi...

Merci pour cet échange,
EG


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