Je serais plutôt d’avis que les pervers qui organiseraient consciemment
ces « déviances oligarchiques » auraient alors suffisamment de capacités
intellectuelles dévoyées pour comprendre leur intérêt : de même que le
virus qui infecte un organisme vivant n’a pas intérêt, en fait, à
décimer complètement ce qu’il colonise, ils n’auraient pas intérêt à
trop pervertir cet idéal. De même qu’entre médicament et poison, tout
n’est affaire que de subtils dosages !
Par
contre pour ce qui est des mérite/talent/potentiel, le fait de
remarquer que ces notions ne sont pas le sujet de l’idéal démocratique
ne signifie nullement que cet idéal veuille s’en passer.
C’est seulement hors sujet ; contrairement au cas de l’idéal oligarchique qui en fait sa raison d’être.
Il
serait alors un peu rapide de réduire la démocratie à la notion
d’égalité, même en ne dévoyant pas le sens de cette égalité, qui n’est
pas ce que d’aucuns dénomment ironiquement « mêmeté », mais une égalité en
dignité et en droit ! ( qui s’oppose, en somme, aux castes ou classes
genre : noblesse, clergé, tiers-état).
J’aurais
personnellement plutôt tendance à considérer que ce qui fait le génie de
l’idée démocratique, c’est d’impliquer une humilité nécessaire à chacun
pour respecter cette égalité en dignité et en droit exigeant un partage
du pouvoir sans aucun privilège. (cf principe : Un homme, une voix)
Or, la vraie humilité ne pouvant être que inconsciente (cf Gandhi : « L’humble n’a pas conscience de son humilité ; cultiver l’humilité revient à cultiver l’hypocrisie ») on doit au moins conscientiser l’objectif de respecter autrui autant que soi-même.
La beauté du raisonnement n’étant même pas d’ordre moral ( si cela
vient en plus, tant mieux ), mais d’ordre pratique : quand on se croit
« meilleur », « méritant » , « talentueux », ou « de fort potentiel », on a
tendance à se croire « arrivé », et a devenir « fini » ( processus de mort) ;
alors que lorsqu’on se sait imparfait, simple rouage parmi une
multitude d’autre, simple perspective parmi une infinité de perspectives
présentes ou potentielle, alors on est motivé pour réaliser des efforts
d’adaptation : principe même de la vie !